Comme Marisol Touraine l'an dernier, le Pr Agnès Buzyn ne se rendra pas à l'université d'été de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui rassemblera quelque 150 cadres de vendredi à dimanche à Giens (Var).
Mais que l'on ne s'y trompe pas. Autant le dialogue avec la ministre de la Santé de François Hollande était devenu impossible (le premier syndicat avait réclamé sa démission), autant les relations avec Agnès Buzyn ont été ouvertes dans un climat cordial. « Le dialogue est renoué avec le ministère », assure le Dr Jean-Paul Ortiz.
Le président de la CSMF a été sensible au discours d'apaisement prononcé par la locataire de Ségur, il y a quelques jours, devant les représentants de la profession réunis à la conférence des URPS, à la Baule. « J'ai besoin de vous, il est hors de question de toucher à la place des médecins libéraux », a lancé la ministre. Pas question de bureaucratiser davantage un système déjà jugé très rigide…
Agnès Buzyn a donné quelques gages aux syndicats échaudés par l'ère Touraine. Le tiers payant sera « généralisable » en 2018 et non obligatoire (« Le ciel a l'air de s'éclaircir », veut croire le Dr Ortiz). Le futur plan contre les déserts médicaux s'articulera autour de mesures incitatives et priorité sera donnée aux initiatives territoriales.
Pas d'adhésion à la convention pour l'instant
Le climat est-il devenu propice à une adhésion du premier syndicat à la convention médicale paraphée à l'été 2016 par MG France, le BLOC et la FMF ? « La question ne se pose pas de cette façon aujourd'hui, tranche Jean-Paul Ortiz. Nous n'avons pas signé la convention il y a un an et nous n'avons pas changé d'avis sur cet accord. »
La CSMF pose trois conditions à un éventuel retour dans le jeu conventionnel. Le syndicat réclame l'acte de décès officiel du tiers payant obligatoire et la suppression de l'article 99 de la dernière loi Sécu qui autorise la CNAM à baisser les tarifs de radiologie. La Conf' demande aussi des marges de manœuvre « significatives » pour la médecine de ville dans le prochain budget de la Sécu à travers un ONDAM favorable. « Si on arrive à donner à la convention un caractère innovant et si on lui donne des moyens, les choses peuvent bouger », glisse le Dr Ortiz, prêt à négocier des consultations consacrées à la prévention et à l'éducation à la santé. « Le gouvernement affiche sa volonté d'ouverture pour rémunérer la prévention, l'épisode de soins, le parcours, observe le leader confédéral. Je ne les rejette pas d'un revers de main. Voyons ce qu'il y a derrière. »
La vigilance est toutefois de mise face aux réformes en cours. La CSMF veillera par exemple à ce que la hausse de CSG soit « totalement compensée » et que les médecins de secteur I ne soient en aucune façon pénalisés par rapport aux autres catégories socio-professionnelles.
Ouverture
En cette rentrée, la CSMF se positionne ainsi comme un opposant constructif, en particulier sur la question de l'organisation des soins à l'échelle du territoire, fil rouge du congrès. « À l'heure de la télémédecine, les médecins doivent avoir une réflexion sur la façon dont ils peuvent apporter un accès aux soins à tous, ils ne peuvent pas rester isolés », relève le Dr Ortiz. La CSMF entend même « impulser » une révolution de l’organisation territoriale de la santé, assez loin du schéma du cabinet libéral isolé.
Dans un esprit d'ouverture, le syndicat donnera la parole à des représentants des agriculteurs (FNSEA), de la grande distribution (Casino) du numérique (Medtronic, Withings-Nokia), de l'audit et du conseil (KPMG)… Le charismatique président du Rugby club toulonnais, Mourad Boudjellal, expliquera à la mêlée confédérale comment « Vivre et manager la mutation ». Nicolas Revel, patron de la CNAM, s'exprimera sur les priorités conventionnelles. Et le Dr Olivier Véran, député LREM, expliquera quelle place le prochain budget de la Sécu – dont il est le rapporteur général – réservera à la médecine libérale...
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