Pas convaincus par la Sécu et les complémentaires, les médecins « enterrent » le tiers payant généralisé

Par
Publié le 17/02/2016
revel

revel
Crédit photo : S. TOUBON

C'est peu de le dire, les médecins libéraux n'ont pas été convaincus par les solutions techniques retenues par les caisses nationales d'assurance-maladie (CNAM, MSA et RSI) et de l'association des organismes complémentaires pour généraliser la dispense intégrale d'avance de frais.

Le rapport Sécu-complémentaires a été très mal accueilli par la profession. Pire, les syndicats estiment que le tiers payant généralisé ne verra pas le jour. 

Le syndicat de généralistes MG France est catégorique : « Après le Conseil constitutionnel, le rapport des régimes obligatoires et complémentaires enterre à son tour le tiers payant généralisé ». Pour le régime obligatoire, « la sécurisation annoncée du règlement pourra peut-être faciliter la tâche du professionnel, pour les patients pris en charge à 100 % ». Mais « les exigences démesurées des régimes complémentaires » amènent MG France à dissuader les généralistes de pratiquer le tiers payant sur la part complémentaire pour ne pas les exposer à des « risques techniques et financiers ».

« Pratiquer le tiers-payant généralisé dans ces conditions est déraisonnable, confie le Dr Claude Leicher au “Quotidien”. Il y a une impréparation totale du dossier. Après, les médecins qui veulent le mettre en place le feront à leurs risques et périls, mais cela n’a en tout cas rien à voir avec l’engagement de François Hollande, car ce n’est ni fiable, ni simple, ni sécurisé. »

« Première pierre des réseaux de soins pour médecins »

Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, est tout aussi sévère. « Le tiers payant généralisé ne se fera pas », affirme-t-il. Le Dr Ortiz dénonce « la magnifique usine à gaz du côté des complémentaires » pour vérifier la complémentaire, la nature de leurs droits.

« Pour suivre l'évolution des factures par exemple, il faudra mettre à jour nos logiciels. Or tout cela va avoir un coût, pour le médecin bien sûr. Quant au paiement, on n'a aucune garantie pour le moment. Bref, il est urgent de ne pas le faire et de poursuivre la désobéissance civile ! » conclut-il.

Même son de cloche du côté de la FMF. Son président, le Dr Jean-Paul Hamon, redoute « les difficultés techniques et les contraintes administratives, soulevées dès le début par les syndicats de médecins libéraux ». Il refuse de cautionner tout potentiel contrat technique commun de tiers payant avec les complémentaires. Selon lui, cette contractualisation poserait « la première pierre des réseaux de soins pour les médecins ». La FMF rappelle son opposition au tiers payant généralisé et encourage les praticiens à refuser « cette charge supplémentaire ».

Quand les solutions deviennent un problème

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) déplore un dispositif édifié pour les complémentaires. « Ce contrat technique que l'on veut nous imposer ne répond pas à nos principales questions, déclare le Dr William Joubert, secrétaire général du SML. Avec qui ce contrat type serait-il négocié ? Qu’en est-il du reste à charge ? On nous parle de plateforme IDB, mais on ne comprend absolument pas où on nous mène ! »

La Sécu et les complémentaires pensaient avoir apporté des solutions. Les médecins n'y voient que des problèmes.


Source : lequotidiendumedecin.fr