Depuis la mi-mai, quatre généralistes à la retraite et une jeune médecin remplaçante se succèdent chaque après-midi au centre hospitalier du Pays d'Avesnes, dans le Nord. Originalité, leurs consultations s'adressent aux « patients qui n'ont pas de médecin traitant ou que leur médecin traitant ne peut prendre en charge dans des délais raisonnables car ils sont surchargés ou en congés », précise le Dr Christian Castel, un des médecins retraités, moteur du projet.
Les assurés dans cette situation sont très nombreux dans ce secteur rural d'Avesnes-sur-Helpe, entre la Belgique, l'Aisne et les Ardennes. « Tous parlent de cette difficulté », souligne la Dr Bénédicte Moreau, retraitée depuis 14 mois, qui assure également des consultations. Parallèlement, les généralistes installés subissent une forte pression morale de la part des patients qui cherchent un médecin traitant, souligne son confrère.
Relâcher la pression
C'est pourquoi un petit groupe de praticiens retraités, qui s'était impliqué dans le centre de vaccination local au plus fort de la crise sanitaire, a imaginé cette réponse. « On était tous partants », se souvient la Dr Moreau. Bien qu'ils aient déplaqué après des dizaines d'années d'exercice libéral, ces généralistes retraités (actifs) ont quasiment tous déjà repris une activité médicale à temps partiel : l'un en PMI, l'autre à l'hôpital, deux au service de prévention santé du Département.
Comme il exerce à mi-temps dans le service de médecine polyvalente de l'hôpital d'Avesnes, le Dr Castel avait parlé de l'idée au directeur de l'établissement. Et comme il est aussi élu local, il en a aussi touché un mot au président de la communauté de communes du Cœur de l'Avesnois. La collectivité, qui gérait déjà la prise de rendez-vous du centre de vaccination, met ainsi à disposition sa ligne téléphonique pour les rendez-vous au nouveau cabinet des patients qui ne passent pas par Doctolib. Elle a aussi installé des jeunes en service civique pour informer et orienter les patients sur place.
Aucune charge administrative et logistique
L'hôpital, de son côté accorde un soutien logistique et administratif au projet. Il a tout d'abord mis à disposition des médecins un cabinet équipé pour l'exercice de la médecine générale au sein de l'établissement. Et c'est lui qui assure les médecins, facture leurs actes et les salarie directement, à la vacation. Un point essentiel.
« Si l'activité avait été libérale, on n'aurait eu aucun médecin volontaire », assure le Dr Christian Castel. Sa consœur Bénédicte Moreau confirme : « Je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas été déchargée complètement des charges administratives, si j'avais dû répondre au téléphone ou résoudre les problèmes de paiement. » Elle ajoute : « On a le confort d'exercer dans les locaux que nous n'avons pas à entretenir, de ne pas avoir à gérer de secrétariat ni de paiements, toutes ces choses qui prennent un temps fou ! »
Leurs vacations, en gros un après-midi par semaine de 13h30 à 17h30, sont, de fait, consacrées uniquement à faire de la médecine. Les praticiens organisent leur planning entre eux, sans obligation, l'engagement est moral. Après un démarrage en douceur la première semaine, les créneaux de consultation disponibles se sont remplis. La crainte d'être un peu débordés commence à pointer, même si le projet fait des émules. D'autres généralistes, retraités ou remplaçants, se sont manifestés pour participer à cette initiative.
Aide médicale d’État (AME) : dans un centre de PMI en première ligne, deux sénateurs prennent le pouls du terrain
Un partenariat Doctolib/Afflelou ? Les ophtalmos libéraux ne font pas « tchin-tchin »
Enquête sur les restes à charge « invisibles » : 1 500 euros par an et par personne, alerte France Assos Santé
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins