Trois sénateurs délivrent une vingtaine de propositions « pragmatiques » pour améliorer le fonctionnement des services d'urgences, dans un rapport publié ce mercredi. Tous trois membres de la commission des affaires sociales de la Haute assemblée, Laurence Cohen (CRC, Val-de-Marne), Catherine Génisson (SOC et républicain, Pas-de-Calais) et René-Paul Savary (LR, Marne) estiment que les services d'urgences hospitalières, « débordés et souvent démunis », doivent être « regardés non comme un point d’entrée défaillant dans le système de soins, mais comme un miroir grossissant des dysfonctionnements de l’ensemble de notre système de santé ».
« [Les] difficultés [des urgences] résultent en effet moins de leur organisation propre que de leur positionnement original, au confluent des carences de la médecine de ville en amont et des rigidités hospitalières en aval », analysent les élus en préambule.
Une nouvelle lettre clé pour les urgences légères en ville
Les sénateurs proposent en premier lieu de réformer la tarification hospitalière en « modulant le montant du financement à l’activité en fonction de la gravité des pathologies et des actes réalisés, et en créant un forfait de réorientation vers les structures de ville ». Cette idée est également défendue par le Dr Olivier Véran.
Autre suggestion déjà évoquée dans le rapport du Dr Jean-Yves Grall, alors directeur de l'ARS Nord Pas-de-Calais : créer une tarification « incitative » à la prise en charge des urgences légères par les médecins libéraux, en complément d'une valorisation des visites à domicile des médecins généralistes.
Les trois auteurs préconisent aussi de déployer sur l'ensemble des hôpitaux les bonnes pratiques comme les circuits courts (fast-tracks) et les bed managers (gestionnaires de lits).
Les solutions d'aval tiennent également une bonne place dans le rapport. « Mettre fin aux fermetures de lits dans les services de médecine et de chirurgie générale et leur rendre une place suffisante pour absorber les variations de prise en charge en aval des urgences » est l'une des mesures envisagées. Dans la même veine, les sénateurs militent pour le développement de services de gériatrie aiguë dans les hôpitaux avec admission directe (sans passage aux urgences) « chaque fois que cela est possible et pertinent » ou encore pour la création d'une spécialité d'infirmier urgentiste.
D'une manière plus globale, le rapport met en lumière la nécessité de revoir l'organisation des soins filière par filière. Les sénateurs veulent par exemple « conforter les prises en charge filialisées existant pour l’infarctus du myocarde et l’AVC, et étendre cette organisation à d’autres pathologies ».
Mobiliser les centres de santé
Pour soulager les urgences, les élus se sont également interrogés sur des solutions au-delà des murs de l'hôpital.
Ainsi, ils soufflent l'idée d'étendre les horaires de la permanence des soins ambulatoires au samedi matin. Autre proposition d'importance : « expérimenter » une « exonération totale du ticket modérateur » pour l’ensemble des patients s’adressant à un professionnel de ville aux horaires de la garde libérale.
Les maisons médicales de garde, elles, pourraient être adossées de préférence à un service d'urgence. Les auteurs du rapport souhaitent que le tiers payant intégral soit « généralisé » dans les MMG et que les centres de santé soient eux aussi mobilisés via une extension de leur amplitude horaire.
Enfin, les parlementaires réclament la suppression du 116 117. Ils estiment que le nouveau numéro d'appel national à un médecin de garde créé par la loi santé qui devait être à l'origine déployé il y a près d'un an (il doit l'être en 2018) entraîne de la « confusion dans un paysage déjà peu lisible ». Ils souhaitent « créer les conditions d'une bonne collaboration entre les professionnels exerçant au centre 15 » et renforcer l'encadrement de la fonction d'assistant de régulation médicale.
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