Le 25 avril dernier, journée de la Libération en Italie, le Dr Corrado Lauro est entré en résistance. Choqué par les propos racistes d'une partie des habitants de deux fractions de Cuneo où il exerce sa profession, ce généraliste a déclaré sur Facebook qu'il refusera désormais de les soigner à moins qu'ils ne soient en danger de mort.
Cette décision importante suit la publication d'écriteaux anonymes sur une vitrine d'affichage municipale avec inscrit : « Ici, nous ne voulons pas de nègres. Ceci n'est pas un conseil mais une menace. » Pour une partie de la population locale, l'arrivée d'une vingtaine de migrants ou de demandeurs d'asile originaire du continent africain hébergés par la paroisse, est un fait inacceptable. Durant une rencontre organisée par l'évêque de Cuneo pour expliquer ce projet d'accueil, une bonne partie des 400 participants avaient violemment protesté et évoquer la possibilité de possibles rétorsions envers les migrants. Une attitude et des propos inacceptables pour le Dr Lauro qui a choisi sa page Facebook pour informer ses concitoyens de sa décision.
Une menace de plainte
Deux semaines plus tard, la prise de position du praticien relayée sur de nombreuses pages du réseau social fait discuter toute l'Italie. Des centaines d'internautes soutiennent le Dr Lauro, d'autres, en revanche, préfèrent s'aligner sur les positions extrémistes des habitants de Cuneo. « Dans ce pays où la mémoire et la honte n'existent plus, la présence d'une personne droite et courageuse est un bien. Cher Docteur, vous avez toute mon estime », a écrit un internaute. D'autres multiplient les insultes et l'invitent à « partir en Afrique et à changer de métier pour ne plus devoir soigner des personnes racistes qui contribuent à payer son salaire ». Le comité de soutien du candidat de droite aux prochaines municipales veut, quant à lui, porter plainte contre le généraliste pour violation du serment d'Hippocrate. Pour sa part, le Dr Lauro n'a pas l'intention de changer d'avis. Sa démarche, explique-t-il, dans la presse locale, est de tenter de faire comprendre à ses concitoyens que l'entraide entre communautés n'est pas une affaire de religion mais un geste nécessaire au sein de toutes les sociétés.
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