Pouvoir passer le plus de temps possible avec ses patients en consultation, tel est l’un des objectifs de la plupart des praticiens. Or, l’administratif grignote de précieuses minutes sur le temps de consultation. Conséquence : les journées des généralistes sont particulièrement longues. D’après l’édition 2016 d’une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les généralistes consacrent 50 heures ou plus de travail hebdomadaire à leur exercice[i]. Ainsi, « les consultations et les visites au domicile des patients constituent le cœur de l’activité du médecin généraliste, avec une durée moyenne de consultation au cabinet d’un peu moins de 18 minutes ».
Jongler entre les consultations et les autres activités du cabinet
En fait, le temps passé au contact des patients est estimé par l’organisme en moyenne à 33 heures par semaine. Car le médecin effectue au sein de son cabinet d’autres types d’activités tout au long de la semaine, à savoir : l’encadrement d’étudiants en médecine, la formation, l’accueil des visiteurs médicaux ou, encore, la permanence des soins. Sans compter « les tâches de gestion et de secrétariat, qui pèsent relativement lourd dans le temps passé au cabinet (4 heures en moyenne par semaine) » et le ménage… En effet, « un médecin sur sept (14 %) déclare effectuer lui-même l’entretien des sols des locaux, une charge non négligeable puisque environ 80 minutes par semaine y sont alors consacrées », remarque la DREES.
Bien gérer son agenda en déléguant
Bien organiser son planning, se faire aider par une secrétaire médicale, par un standard téléphonique ou par une société de prise de rendez-vous par Internet facilitent la tâche du praticien. Déléguer sa gestion ou utiliser des logiciels médicaux et de gestion adéquats permettront également de gagner du temps[ii]. Cependant, toute bonne organisation n’évitera pas le comportement de certains patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous, ce qui désorganise la journée du praticien. Même si les rappels automatiques, la veille, par SMS devraient limiter ces risques. « Les patients ont pourtant le devoir de venir en consultation et de prévenir s’ils ne peuvent pas s’y rendre (ce devoir reste, en revanche, pour le patient une simple politesse d’usage dans la mesure où aucune sanction ne peut être appliquée en cas de non-respect) », expliquait Chrystelle Boileau, avocate spécialisée en droit de la santé en février dernier[iii]. « Plutôt que le subir, mieux vaut profiter de ce temps “libre” pour effectuer des tâches administratives, à condition bien sûr que le patient suivant ne soit pas là », remarque un jeune médecin.
Récupérer le tiers payant
Cependant, avec l’extension de la dispense d’avance de frais aux femmes enceintes et aux personnes en ALD depuis le 1er juillet, un médecin doit désormais consacrer plus de temps à la gestion du tiers payant ou déléguer cette tâche à sa secrétaire.
Selon la CNAMTS, « les médecins pratiquant le tiers payant assurent un suivi facilité de leurs remboursements des factures tiers payant grâce à leur logiciel de facturation SESAM-Vitale à jour de la fonction “suivi des factures tiers payant” ». Les rejets et doubles facturations liés aux transmissions seraient désormais évités. D’ailleurs, face aux questions des médecins, la CNAMTS a donc aujourd’hui mis à leur disposition une nouvelle plate-forme « tiers payant » pour les médecins[iv]
Toutefois, beaucoup s’accordent à dire que cette généralisation du tiers payant est chronophage. Un médecin remarque sur le site du Quotidien du Médecin qu’« un patient qui me paie = une écriture comptable. Un patient qui paie en tiers payant sa part Sécurité sociale = une écriture comptable, plus une sur un registre d’attente de paiement, plus une seconde écriture quand je suis payé et un pointage sur mon registre de tiers payant, après recherche chronophage sur les sites de la CPAM. En outre, le tiers payant entraîne une double écriture sur mon relevé bancaire, donc sur mon registre recettes dépenses, plus une sur mon registre patients ». Un exercice de gestion qui peut rapidement devenir un casse-tête consommateur de temps.
Face aux critiques, la CNAMTS répond que « le professionnel de santé reçoit un remboursement de l’Assurance maladie obligatoire et un remboursement de l’assurance maladie complémentaire s’il pratique le tiers payant intégral (AMO + AMC). S’il le souhaite, il peut passer par un opérateur tiers pour être destinataire d’un flux unique de paiement (AMO + AMC). L’AMO s’est engagée à effectuer les versements dans un délai maximal de 7 jours ouvrés, des pénalités financières sont prévues si ce délai n’est pas respecté. »
Le médecin doit aussi composer avec les patients ne disposant pas de leur carte Vitale. Récupérer le montant de ces consultations prend alors davantage de temps pour les médecins qui établissent ces feuilles et allonge la durée du remboursement.
Répondre par e-mail ou SMS à ses patients
Certains patients sollicitent leur praticien pour obtenir des conseils sans avoir à se déplacer, voire demander un renouvellement d’ordonnance par e-mail. Cependant, les médecins qui utilisent e-mails ou SMS pour leur répondre portent toujours la responsabilité de leurs écrits. Quant à l’envoi d’ordonnances par e-mail, attention de ne pas oublier de les enregistrer en PDF pour éviter toute indélicatesse…
En conclusion, toute une série d’applications innovantes sont mises à disposition des médecins pour gagner du temps dans la gestion de leur cabinet. Cependant, le délai d’optimisation de l’utilisation de ces logiciels et de leur appropriation par les médecins peut ne pas leur sembler avoir de rapides répercussions bénéfiques sur leur emploi du temps et temps de consultation. Quant au ménage, il peut aisément être délégué pour pouvoir se consacrer à ses patients.
Christine Colmont
i Portrait des professionnels de santé, Édition 2016, DREES.
ii Buzz Médecin, Tests de logiciels et matériels pour médecins et cabinets médicaux, à consulter sur Internet :
http://comparatif-logiciels-medicaux.fr/logiciels-bureau et http://comparatif-logiciels-medicaux.fr/
iii Médecin-patient : Droits et devoirs, dans Le Quotidien du Médecin : http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2016/02/05/relati…
iv Cette équipe dédiée est disponible par e-mail (cesi-medecins@cnamts.fr) et par téléphone depuis un numéro unique, accessible du lundi au vendredi, de 8 h à 17 h et jusqu’à 20 h les mercredis et jeudis : 0 811 50 50 50 (service 0,06 €/min + appel local).
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