LA SNCF EXPLOITE environ 3 000 gares en France. Autant de bâtiments dont elle n’est pas propriétaire, ceux-ci appartenant au domaine public de l’État, mais dont elle assure l’exploitation. Récemment, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des activités de transporteur décidée par l’Europe, le Premier ministre, François Fillon, a commandé à la SNCF un rapport sur son organisation. Rédigé par Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas-Rhin, ce rapport préconise notamment d’ouvrir les gares à plus de services.
De là est née la réflexion de la SNCF. Ses gares sont par définition implantées dans des lieux bien identifiés, bien desservis, tant par le train (!) que par les bus, les cars, voire le métro, et constituent quotidiennement un important lieu de passage. « De plus, elles disposent presque toutes de places de parking et un grand nombre de locaux y sont disponibles », indique Sylvain Savoye, directeur de la commercialisation de la société A2C, une filiale de la SNCF. Enfin, la SNCF a déjà une petite activité en la matière puisque les cinq gares parisiennes et celle de St-Charles à Marseille abritent toutes une pharmacie. Toutes activités confondues, les commerces déjà installés dans les gares françaises sont à l’origine d’un chiffre d’affaires annuel de l’ordre du milliard d’euros, précise Sylvain Savoye.
Ce constat fait, la SNCF a tout récemment franchi le pas en publiant dans la presse médicale un message invitant les professionnels de santé (qu’ils soient médecins, chirurgiens-dentistes ou paramédicaux) intéressés par une éventuelle implantation dans une gare à se faire connaître. « Notre démarche est nouvelle en matière de santé, poursuit Sylvain Savoye, et nous ne savons pas encore s’il y aura une réelle volonté des professionnels de santé de venir s’installer en gare. C’est la raison pour laquelle nous tâtons le terrain en lançant cet appel à intérêt. »
Premières candidatures.
Publiée dans « le Quotidien » tout récemment, le premier message de la SNCF n’est pas passé inaperçu et a déjà suscité un certain nombre de réponses, dont celle d’un cabinet de radiologie. On peut imaginer que des médecins, désireux de s’installer en province, mais peu enclins à exercer en zone rurale, pourraient trouver là une solution médiane. Ouvrir un cabinet dans une gare de petite ville de province permettrait aux patients ruraux de s’y rendre facilement. « Quand vous dites à un patient que votre cabinet se trouve dans l’enceinte de la gare, continue Sylvain Savoye, inutile de lui donner l’adresse, tout le monde sait où c’est, et en plus, votre patient pourra facilement se garer s’il vient en voiture. »
Les professionnels de santé intéressés par ce projet peuvent répondre jusqu’au 30 avril à l’appel de la SNCF(à l’adresse sante-en-gare@a2c-sncf.com). Viendra ensuite l’heure du traitement des demandes, et la SNCF espère pouvoir réaliser les premières implantations dès l’automne prochain. « Le prix demandé, précise Sylvain Savoye, ne sera pas déconnecté de ce qu’on peut trouver dans le quartier d’implantation de la gare. » Pour des raisons juridiques, il ne sera pas demandé de loyer aux occupants, mais un contrat d’occupation du domaine public sera signé. Le point faible du dispositif dans la mesure où ce contrat peut être rompu si l’activité de la SNCF l’exige. « Vous n’imaginez cependant pas que nous allons proposer un contrat à un professionnel de santé si nous savons que nous devrons récupérer ses locaux dans deux ou trois ans », tempère Sylvain Savoye.
À l’Ordre national des médecins, le Dr André Deseur juge plutôt positivement ce dispositif : « Si la présentation du cabinet évite les excès commerciaux, si le professionnel de santé s’interdit de participer à des démarches commerciales initiées par des commerçants voisins, si l’accès des patients se fait dans des conditions normales, et si l’indépendance professionnelle est respectée, je ne vois pas d’obstacle, à titre personnel, à une installation dans ce type de bâtiment, d’autant qu’il peut être de nature à apporter de la sécurité au professionnel de santé et aux patients. » André Deseur précise qu’à sa connaissance, quelques cabinets médicaux sont déjà installés dans des galeries commerciales, notamment en Ile-de-France.
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