À deux mois des élections professionnelles aux URPS (31 mars au 7 avril), décisif pour mesurer l'audience syndicale, la branche « Spécialistes-CSMF » a levé le voile sur son programme électoral centré sur les revalorisations, la coopération et l'innovation.
Cette entité, présidée par le Dr Franck Devulder, avait été reconstituée l'an passé au sein de la CSMF pour contrer l'autonomisation puis la scission d'une partie des verticalités au sein d'Avenir Spé (syndicat qui a fait alliance avec Le BLOC dans le cadre des élections). Face à cette division « délétère pour la médecine libérale », le gastro-entérologue de Reims prône un syndicalisme « uni » visant à défendre « les valeurs de l'expertise, de la coordination, de l'innovation, de la formation ».
Quatre niveaux de consultation
La valorisation de l'expertise spécialisée passe par une politique de rémunération rénovée et attractive. Les Spécialistes-CSMF réaffirment leur attachement au paiement à l'acte et à des revalorisations en fonction de la complexité et de la durée. Ainsi, le Dr Devulder soutient la réforme de la classification des actes cliniques (grille des consultations de 25 à 75 euros), défendue de longue date par la maison-mère. « Il s'agit d'instaurer quatre niveaux de tarifs accessibles à tous les médecins. Ce sera à chaque spécialité de définir la complexité des actes et d'annoncer la revalorisation. Cela fait sens. ».
Même logique d'attractivité du côté des praticiens de blocs opératoires : le gastro-entérologue défend plus que jamais une réévaluation de la grille tarifaire (CCAM technique) mais aussi du coût de la pratique « qui n'a pas bougé depuis 1993 ».
Côté honoraires, la branche spé de la CSMF ne s'arrête pas là. Elle remet au goût du jour le principe d'un « espace de liberté tarifaire encadré », accessible à tous les spécialistes – dont le contour et les modalités d'accès restent à définir. « Il pourrait être basé sur la formation initiale, la formation continue, un engagement territorial ou professionnel au service des autres », détaille le Dr Devulder. Preuve que les temps changent, les Spécialistes-CSMF ne rejettent pas le paiement forfaitaire qui « fait sens » pour les équipes de soins spécialisés (ESS), pour rémunérer notamment l'organisation.
Le pluripro, chemin incontournable
Les spécialistes confédérés réclament aussi des « moyens » pour renforcer la coordination des soins, avec les généralistes d'abord mais au-delà dans le cadre pluriprofessionnel. C'est aussi la seule façon de relever le défi des consultations non programmées. « Il n'est plus possible de travailler seul. Il nous faut être force de propositions et avancer sur ce terrain », assume le Dr Devulder.
Cela supposera aussi de redéfinir les contours des métiers. Mais hors de question de subir des transferts de tâches qui seraient « nuisibles » pour la qualité des soins. « Nous étions vent debout contre le projet de création d'officiers de santé », souligne le Dr Devulder. Une récente proposition de loi (PPL) de la majorité, en application du Ségur de la santé, avait envisagé la création d'une « profession médicale intermédiaire » au croisement entre l'infirmière et le médecin. Face au tollé, l'exécutif a provisoirement renoncé.
Défenseur de l'« entreprise médicale libérale », le Dr Devulder insiste sur la nécessité pour les jeunes générations d'être formées à la gestion, au management d'équipe et à l'économie de la santé. Côté prospectif, la CSMF a inauguré il y a peu une maison de l'innovation de la médecine spécialisée avec plusieurs partenaires assurantiels et de la e-santé, organisés en réseau pour préfigurer les nouvelles organisations de l'exercice. Il s'agit aussi d'imaginer le « cabinet de 2030 », à la fois physique et virtuel, pour faciliter l'application de solutions de télémédecine et d'objets connectés.
Vers la parité
Dans cette compétition électorale, la CSMF présentera des listes dans toutes les régions et dans les deux collèges – spécialistes et généralistes. Les 27 verticalités médicales et chirurgicales seront représentées dans les listes rajeunies et féminisées, assure le Dr Devulder.
Mais le pari de la parité n'est pas encore atteint. « Chez les spécialistes, nous aurons un peu plus de 36 % de femmes sur nos listes. Dans le Grand-Est, nous y sommes presque avec 45 %, c'est un signe du renouveau. La CSMF a été longtemps un syndicat de vieux messieurs. Aujourd'hui, c’est aussi un syndicat de jeunes et de femmes. »
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