« Les médecins français sont les moins bien payés d’Europe »

« La consultation est à 23 euros alors qu'elle coûte 47 euros en moyenne dans l'OCDE [Organisation pour la coopération et le développement économique, NDLR] », affirmait en 2015 le Dr Stéphane Landais, Secrétaire général de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), cité par « Le Figaro ».

« Les revenus des médecins sont les plus faibles d’Europe, il n’y a que Malte qui est derrière nous », déclarait la même année sur « France Info » Jean-Paul Hamon, le président de la Fédération des médecins de France (FMF). Ces deux affirmations reflètent l’état d’esprit d’une profession qui ne se sent pas reconnue à sa juste valeur, mais elles méritent d’être nuancées.

Il est vrai que les praticiens français ne ressortent pas parmi les plus favorisés d’après les dernières données de l’OCDE sur la rémunération des médecins, mises à jour en juin dernier. Avec un revenu annuel de 131 000 dollars (106 000 euros) en parité de pouvoir d’achat (c’est-à-dire que les chiffres sont corrigés pour les différences de niveaux de vie entre les pays), les généralistes français libéraux arrivent ainsi au 11e rang des 15 pays pour lesquels l’OCDE dispose de ces données, loin derrière les Allemands (1^ers avec un revenu annuel de 214 000 dollars), mais aussi à quelque distance des voisins anglais (5^es à 145 000 dollars).

Le panorama est sensiblement le même si l’on considère les revenus des spécialistes salariés français, 16^e sur 28 pays pour lesquels l’OCDE dispose de données avec un revenu annuel de 100 000 dollars en parité de pouvoir d’achat (81 000 euros). Leurs homologues luxembourgeois, 1^ers avec un revenu annuel de 290 000 dollars, gagnent presque le triple. Les spécialistes libéraux français s’en tirent en revanche beaucoup mieux : leur revenu annuel en parité de pouvoir d’achat s’élève à 220 000 dollars (177 000 euros), ce qui les hisse au 6^e rang des pays pour lesquels l’OCDE dispose de données.

Panorama contrasté

Ces chiffres montrent donc une situation assez contrastée, mais démentent l’affirmation selon laquelle les médecins français seraient les moins bien payés d’Europe : pour chacune des différentes catégories, on trouve plusieurs pays européens qui se trouvent moins bien lotis que la France (citons par exemple les généralistes libéraux tchèques, 14^es avec un revenu annuel de 69 000 dollars, ou les spécialistes libéraux néerlandais, 7^es avec un revenu annuel de 206 000 dollars).

« Les médecins français ne sont ni en haut, ni en bas de l’échelle, tout dépend des pays avec lesquels on désire se comparer et à quelle catégorie de médecins on s’intéresse », résume Gaëtan Lafortune, économiste senior à la division santé de l’OCDE qui s’occupe justement de ces questions.

Celui-ci souligne par ailleurs que « la rémunération est l’un des terrains où il est le plus difficile d’avoir des données comparables », expliquant par exemple que certains pays ne prennent pas en compte les revenus des médecins qui ont une activité mixte, tandis que d’autre prennent en compte les revenus des médecins en formation, moins élevés. Et l’économiste d’en appeler à ne pas « tirer des conclusions erronées ». Les leaders syndicaux sont prévenus.