Mis en examen à Besançon pour 24 empoisonnements de patients et soupçonné de 8 autres, le Dr Frédéric Péchier, a vu mercredi son contrôle judiciaire allégé. Dans un communiqué, la procureure générale de Besançon, Marie-Christine Tarrare,indique que « l'interdiction d'exercer la médecine ne concerne(e) que la spécialité de médecin anesthésiste » et ne porte pas « sur la globalité de l'exercice professionnel ».
Quelle qualification ?
Depuis le début de l'affaire, le Dr Péchier était frappé d'une interdiction globale d'exercer. Désormais, « la décision » qualifiée de « très juridique et très humaine » par l'un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer, laisse entrevoir une reprise d'activité médicale hors anesthésie du Dr Péchier, a précisé la magistrate, relayant l'arrêt rendu par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Besançon. Cette dernière avait entendu le 4 janvier l'ancien anesthésiste qui aurait exprimé son souhait notamment de retravailler comme omnipraticien.
Mais pourrait-il exercer comme généraliste en attendant son procès ? Cette éventualité soulève de vifs débats sur les réseaux sociaux. Président du conseil de l'Ordre de Tarn, le Dr Étienne Moulin a réagi suite aux articles de la presse locale.
Non, il ne peut pas.C’est faux. Il a un DES d’anesthésie,pour le moment, aucune filière de reconversion vers un autre DES n’existe. Il peut tenter sur deux ans minimum un DIU de réorientation vers la MG sans aucune garantie de validation par la commission de qualification du CNOM
— Moulin Étienne (@Moulinetienne81) January 12, 2023
Joint ce jeudi par « Le Quotidien », l'élu ordinal rappelle que cette autorisation de qualification qui relève du conseil de l'Ordre est soumise à des conditions strictes. « Pour exercer la médecine générale, le Dr Péchier doit avoir un DES de médecine générale ou une équivalence », recadre-t-il d'abord. « Il peut tenter le DIU de médecine générale qui dure au minimum deux ans, avec des stages, c’est-à-dire pas avant 2025 et à condition aussi d'avoir le feu vert de la commission de qualification du conseil national de l'Ordre des médecins », ajoute le Dr Moulin, généraliste.
Interdiction de quitter le territoire
Pour l'heure, le Dr Péchier est autorisé, selon le parquet général, à revenir dans le Doubs, département où résident ses enfants. En revanche, les autres modalités du contrôle judiciaire sont « maintenues », notamment l'obligation « de fixer sa résidence » dans la Vienne, où le Dr Péchier réside chez ses parents.
L'ancien anesthésiste ne peut pas non plus quitter le territoire national sans autorisation du juge d'instruction, ni entrer en relation « de quelque manière que ce soit » avec l'ensemble des personnels des deux cliniques où il est soupçonné d'empoisonnements, « ainsi qu'avec toute personne concernée par la procédure », selon la procureure générale.
Arrêts cardiaques inexpliqués
L'affaire a débuté après l'alerte donnée par une anesthésiste d'une clinique de Besançon, à la suite de trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des « doses de potassium 100 fois supérieures à la normale », avait indiqué fin septembre le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux.
Frédéric Péchier, 50 ans, est suspecté d'avoir pollué les poches de perfusion de patients pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit. Des faits que le médecin accusé a toujours nié depuis le début de l'affaire.
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