Un ancien médecin qui se faisait passer pour un cancérologue vient d'être condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse pour exercice illégal de la médecine et travail dissimulé, révèle « La Dépêche du Midi ». L'homme, âgé de 63 ans, se faisait passer pour un spécialiste de la lutte contre le cancer, alors qu'il avait été radié de l'Ordre en 1991. Entre 2019 et 2021, il a soigné une vingtaine de patients atteints du cancer, et a gagné 63 000 euros de revenus à ce titre.
L'affaire remonte à février 2020, lorsqu'un membre de l'Ordre des médecins de Haute-Garonne contacte les autorités. Selon lui, un sexagénaire pratiquerait clandestinement des traitements oncologiques à Muret, au sud de Toulouse. Les gendarmes découvrent que ce dernier est à la tête d’une société française spécialisée dans le développement d’un « vaccin thérapeutique contre le cancer » chez les animaux. Son entreprise a touché une subvention publique de plus de 700 000 euros.
Mais le sexagénaire soigne aussi des patients humains, alors qu'il n'est plus inscrit au tableau de l'Ordre depuis plus de 30 ans. Quand un malade le contacte, il se rend directement chez lui, ou donne rendez-vous dans une salle de sa société. Lors de ces consultations, le faux praticien prélève du sang, le traite avec du gluconate de calcium et le réinjecte, traitement qui permettrait, selon lui, de booster l’immunothérapie des malades du cancer.
Jusqu'à 2 500 euros par patient
Une vingtaine de personnes, qui l’ont connu par le bouche-à-oreille, sont venues le consulter, certaines de très loin. Une partie de sa patientèle est décédée des suites de cancer, sans que les enquêteurs puissent faire un lien avec le « traitement » reçu. Pour chaque prestation, le faux médecin a perçu de l’argent, jusqu’à 2 500 euros par patient et n'hésitait pas à envoyer des courriers à ses « confrères ».
Lors de l’audience, le prévenu a tout reconnu. « Je savais que c’était interdit, j’avais demandé à être radié en 1991 suite à mon départ aux États-Unis », a-t-il assuré. Il aurait commencé à soigner illégalement son père en 2019, avant de proposer ses services à d’autres personnes, « pour les aider ».
Le procureur de la République avait requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis, l’interdiction de toute activité médicale et 15 000 euros d’amende. Le tribunal l’a finalement condamné à un an de prison avec sursis, en conservant le montant de l'amende et l'interdiction d'exercer la médecine.
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