* Considéré par Claude Debussy puis par Olivier Messiaen comme le chef-d’œuvre de la musique pour piano du XXe siècle, « Iberia », d’Isaac Albéniz, a tenté des pianistes de tous horizons, mais principalement de culture ibérique, dont l’Espagnole Alicia Delarrocha, qui règne sur cette discographie avec trois versions de studio. Il semble justifié qu’à un point de sa carrière l’Argentin Nelson Goerner, 53 ans, en grave sa version, ce qu’il fit pour Alpha-Records en juillet 2021 à Bruxelles.
Le statut de chef-d’œuvre autorise bien des visions d'« Iberia ». Pour Goerner, venu d’un pays lointain mais si proche par la culture et la langue, c'est celle d’une Espagne rêvée, intériorisée et même intellectualisée. Il lui donne son rang d’œuvre universelle, née à l’époque où l’instrument permettait aux pianistes de parer leur jeu de tant de couleurs et de chatoiements. Mais, non que son jeu soit dépourvu des couleurs sans lesquelles « Iberia » serait sèche, il en exploite plus la fibre rythmique, créant une structure dynamique allègeant l’œuvre. Les images s’enchaînent sans cliché, avec un pouvoir d’évocation et une fierté fébrile tout ibériques. La sonorité est magnifique, riche, jamais noyée de pédale. Et le jeu jamais fantasque, d’un legato parfait, nous fait voyager des faubourgs de Madrid à l‘Andalousie dans un foisonnement de couleurs et de rythmes. Avec toujours l’évidence de ce que cette musique avait de novatrice (Vladimir Jankélévitch la qualifiait d’« inouïe ») et aussi d’humoristique et de sensuel. On reviendra bien sûr toujours à Alicia Delarrocha, et particulièrement à sa première version pour Hispavox de 1961, mais le voyage que nous offre Nelson Goerner, avec sa technique éblouissante, un élan et une énergie matures et des éclairages nouveaux, restera un jalon majeur de la discographie du chef-d’œuvre d’Albéniz.
* Avec « Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus » d’Olivier Messiaen on est dans un registre plus spirituel. Plus de huit heures de musique, réparties en vingt pièces. Là aussi on est dans l’interaction entre les couleurs et les sons, mais plongés dans un laboratoire d’expérimentations pianistiques, avec une recherche des rythmes poussées, près de quarante ans après « Iberia », à un niveau suprême, avec des apports orientaux et l’usage de modes extra-occidentaux. Bertrand Chamayou s’est attaqué à ce monument qu’il donne régulièrement en concert et qu’il a enregistré pour Erato, un rêve qu’il caressait depuis les débuts de son apprentissage.
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