Piano 4**** au Théâtre des Champs-Élysées

Au cœur de Brahms

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Publié le 29/10/2018
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Cl-Sunwook Kim

Cl-Sunwook Kim
Crédit photo : DR

Une des bonnes nouvelles de la rentrée est le retour des concerts de Piano 4**** dans le cadre confortable et les conditions acoustiques idéales du théâtre de l’Avenue Montaigne. Créé en 1967 par André Furno, ce label étoilé synonyme d’excellence a fait venir à Paris les pianistes les plus désirés par les amateurs, comme Samson François, Gilels, Brendel, Perahia, Pollini, ou Argerich.

André Furno, dans des conditions de production indépendantes et privées, a permis à plusieurs générations d’écouter non seulement ces géants du piano, mais aussi les orchestres de Berlin, Dresde, Londres, avec des chefs comme Abbado, Bernstein, Giulini, Barenboïm, et des chambristes d’Israël, d’Allemagne et du monde entier. Son dernier projet, caressé depuis des années, donner dans des conditions superlatives l’intégralité de la musique de chambre de Brahms, vingt-quatre pièces en tout, se réalise donc cette année.

Le premier concert, il y a quelques jours, a fait la part belle au piano et aux instruments à vent, avec des œuvres aussi rares qu’étranges, comme la « Sonate pour clarinette et piano » opus 20 n°2, le « Trio pour piano, violon et clarinette » op. 114 et le « Quintette pour deux violons, alto et violoncelle » op. 115, menées par le clarinettiste autrichien Wenzel Fuchs, soliste des Berliner Philharmoniker depuis 1993, à la sonorité chaude, lumineuse, et aux phrasés quasi vocaux. Autre moment magique, la « Sonate pour piano et alto » opus 120 n°1, œuvre crépusculaire transcrite de la clarinette pour l’alto, transcendée par l’altiste Amihai Grosz. Pièce de résistance du premier concert, le « Quintette pour piano op. 34 » convoquait trois autres solistes berlinois, Guy Braunstein et Christophe Streuli, violons, et Zvi Plesser, violoncelle, qui en assuraient le parfait équilibre.

Le pivot des deux soirées d'octobre était le pianiste coréen Sunwook Kim, qui a assuré quasiment toutes ces œuvres. Sera-t-il, après s’être affirmé en soliste par quelques récitals, le chambriste le plus accompli du moment ? C’est bien parti, tant son jeu à la fois discret et soutien infaillible, souple jusqu’à être félin, coloré, virtuose autant pour les phrasés que pour des plans sonores, créait une grande unité dans le Quintette avec quatre musiciens chevronnés.

Le cycle se poursuivra les 15 et 16 janvier avec les quatuors, et toujours des solistes exceptionnels, le Streichquartett Staatskapelle Berlin, et au piano Elisabeth Leonskaja. Les 12 et 13 avril, on retrouvera Sunwook Kim, aux côtés du violoncelliste français Edgar Moreau (sonates, quintettes, sextuors). Et l'intégrale s’achèvera les 21 et 27 mai par les trios et sonates, avec trois musiciens français, Renaud Capuçon, Edgar Moreau et Nicholas Angelich.

Tél. 01.49.52.50.50, www.theatrechampselysees.fr

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9698