Trois nouveaux CD lyriques

Aux bonheurs du chant

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Publié le 14/01/2019
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Cl-Puccini in Love

Cl-Puccini in Love

Cl-Italienisches Liederbuch

Cl-Italienisches Liederbuch
Crédit photo : Photo : SImon Fowler

Cl-La Navarraise

Cl-La Navarraise

Un des récitals de chant les plus commentés de la saison dernière fut l'« Italienisches Liederbuch » d'Hugo Wolf chanté à la Philharmonie de Paris par le duo de vedettes d’opéra Diana Damrau et Jonas Kaufmann, accompagnés par le pianiste Helmut Deutsch. Lors de sa tournée dans douze villes, le récital a été capté live à la Philharmonie d'Essen, en Allemagne, pour être édité par Erato (Warner).

Cet album réunit des Lieder évoquant au travers de poésies populaires italiennes tous les états d’âme qu’inspire l’amour. Soit 46 courtes vignettes d’humeur dont l'interprétation demande une grande polyvalence. Pour la scène, l’ordre des Lieder a été réorganisé afin de créer des effets théâtraux, avec changements de châle pour elle, de pochette pour lui, un artifice s'ajoutant à l’artifice artistique qui est l’essence de l’œuvre.

Jonas Kaufmann, qui a fait ses preuves dans le Lied allemand, se tire bien de cet exercice. Mieux que Diana Damrau, qui louche vers l’opéra avec des effets vocaux que l’œuvre ne demande pas. Helmut Deutsch accompagne avec plus d’objectivité que de polyvalence ce duo vedette, qui ne fait pas oublier les grandes interprétations du passé, comme Dietrich Fischer-Dieskau avec Elisabeth Schwarzkopf (EMI) ou Irmgard Seefried (Deutsche Grammophon ou Orfeo live).

Complicité vocale

Le ténor italo-français Roberto Alagna aura marqué par un grand nombre de rôles la vie lyrique des trente dernières années. Que de chemin parcouru depuis son inoubliable Roméo (Gounod) au Théâtre du Capitole de Toulouse ! L’opéra français aura toujours été sa spécialité, grâce à une diction parfaite et un génie de la phonation si particulière de notre langue. Son dernier enregistrement pour Warner est une rareté de notre répertoire, « La Navarraise » de Massenet (1894), qu’il interprète avec Aleksandra Kurzak, tous deux très impliqués dans ce court drame (épisode lyrique, selon Massenet, sur un livret de Jules Clarélie et Henri Cain). Enregistré à New York en 2011 sous la direction d’Alberto Veronesi, cette « Navarraise » (Warner Classics) est une aubaine en ce début d’année.

Les deux mêmes interprètes se retrouvent pour un formidable récital « Puccini in Love » enregistré pour Sony à Varsovie en 2018 (Sony Classical). Leur complicité vocale ne laisse plus aucun doute avec ce large choix d’airs d’amour choisis dans « Tosca », « la Bohême », « Manon Lescaut », « Madame Butterfly » et des œuvres plus rares du maître italien. La maturité vocale d’Alagna et la fraîcheur du timbre de Kurzak ainsi que son bel instinct musical font de cette dizaine d’airs, qui ont donné lieu à un concert mémorable au Théâtre des Champs-Élysées, un des disques de chant les plus recommandables de la rentrée.

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9715