Cinéma / « Le Bruit des glaçons », de Bertrand Blier

Duel au soleil

Publié le 30/08/2010
Article réservé aux abonnés
1286987002174612_IMG_41680_HR.jpg

1286987002174612_IMG_41680_HR.jpg
Crédit photo : TH. VALLETOUX

«BONJOUR, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça serait peut-être pas mal de faire un petit peu connaissance… » Bertrand Blier a le chic pour inventer des situations incroyables et pourtant, quand le cancer, Albert Dupontel, prend langue avec l’écrivain en crise, Jean Dujardin, il n’est pas si difficile d’y croire et de se demander ce qui va se passer.

L’écrivain, abandonné par sa femme et par l’inspiration, ne quitte pas ses bouteilles de blanc, qui se succèdent dans le seau à glaçons. Il n’a guère de raisons de vivre mais ne va pas se laisser faire. Ce que recommande le cinéaste : « La seule chose à faire, explique-t-il, c’est de se battre et de bien se soigner, je le dis à tous mes copains, fort de mon expérience. » La Ligue contre le cancer est d’ailleurs partenaire d’un film qui contribue, dit-elle, à briser les tabous autour de la maladie et à montrer que « le meilleur moyen de pouvoir (la) combattre, c’est d’y faire face ».

Si, malgré l’originalité du point de départ, certains dialogues frisent parfois la banalité, Blier file sa métaphore avec entrain et habileté : dans le scénario, avec ses rebondissements, et dans la mise en scène, toujours réglée avec précision. L’humour est noir, bien sûr, l’amour irrésistible, à défaut d’être romantique, et le duel de l’homme et du cancer prend à un moment des allures de western.

Les jeunes admirateurs de Jean Dujardin-Brice de Nice/OSS 117 seront sans doute déconcertés de le voir dans ce rôle, qu’il tient avec force, sinon finesse. Albert Dupontel est un cancer tel qu’on n’aimerait pas en rencontrer, incontrôlable ! Anne Alvaro, dans le personnage clef de « la femme terminale », et Myriam Boyer font plus que jouer les utilités.

Aura-t-on moins peur du cancer ? Rien n’est moins sûr. Mais on aura ri, ce n’est déjà pas si mal.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8806