La nouvelle scène britannique

Jazzxit, l'appel de Londres

Par
Publié le 25/03/2019
Article réservé aux abonnés
Jazz-Ruby Rushton

Jazz-Ruby Rushton
Crédit photo : DENNIS AYLER

Jazz-Hejira

Jazz-Hejira
Crédit photo : DR

Un peu comme les musiciens nordiques qui ont mis au point une forme de jazz typique et reconnaissable, les jazzmen et jazzwomen de la fière Albion ont inventé un style original qui se démarque totalement des autres canons européens. Une sorte de jazzxit.

En collaboration avec le club Ronnie Scott's, institution londonienne ouverte en 1959, le Duc des Lombards, à Paris, a décidé d'organiser une Brexit Week, du 26 au 30 mars, très intéressant jumelage entre deux clubs majeurs de la scène jazz européenne. Mélange des genres au programme, avec des représentants de cette nouvelle scène britannique : Ruby Rushton, la formation très groovy du flûtiste Tenderlonious, également responsable et producteur du label 22A, qui met en avant la jeune garde londonienne ; le pianiste Ashley Henry, 27 ans, qui a accompagné Jason Marsalis, Terence Blanchard ou Jean Toussaint, et dont la musique s'inspire aussi bien de ses pairs que des tendances urbaines actuelles ; le groupe Hejira (un hommage à la chanteuse Joni Mitchell), né en 2010 de la rencontre entre la vocaliste éthiopienne Rahel Debebe-Dessalegne et des musiciens d'origines diverses (Allemagne, Chili) ; le flûtiste Chip Wickham, élevé aux sons de Yusef Lateef et Sahib Shihab, issu de la bouillonnante et très influente scène breakbeat, hip-hop et drum & bass. Et, last but not least, le Ronnie Scott's Band, un quartet maison, nettement plus classique, composé de James Pearson (piano), Alex Garnett (saxophone), Sam Burgess (contrebasse) et Chris Higginbottom (batterie).

Nouveau souffle

Passée la date fatidique du 29 mars, Paris accueillera pour la 3e année (et sans doute la dernière) le London Jazz Calling (les 4, 5, 6 et 18 avril à La Petite Halle de la Villette et au New Morning). On y applaudira également des spécimens révélateurs de la nouvelle scène jazz UK. Dont certains, comme Theon Cross ou Kokoroko, ont déjà acquis une sérieuse réputation hors du Royaume-Uni.

Joueur de tuba (comme le fut Howard Johnson au temps du free-jazz !), Theon Cross s'est surtout fait connaître au sein du groupe Sons of Kemet du saxophoniste Shabaka Hutchings. Avant de souffler très puissamment et de façon totalement débridée comme soliste. Et de présenter sa musique, aux confins du jazz libre et librement improvisé, dans son dernier CD, « Fyah » (Gearbox Records/Differ-ant). Avec des partenaires aussi magnétiques et emblématiques de la scène londonienne que lui, Nubya Garcia (saxe) et Moses Boyd (batterie) notamment, il propose un jazz vigoureux, ultra-énergique et sans retenue. Bref, un nouveau souffle.

Quant aux très jeunes membres de Korokoko, leur musique allie les origines afro-beat des souffleuses à des formes de jazz avant-gardistes, ouvertes et vivantes.

Parmi les autres invités, le sextet Maisha et la vocaliste Peluché.

 

Didier Pennequin
En complément

Source : Le Quotidien du médecin: 9735