Joël Pommerat en terre étrangère

Théâtre

On est touché par ce spectacle. Immédiatement. On est touché par la jeunesse des interprètes et leurs visages pleins qui prennent la lumière avec candeur et une certaine timidité. On dirait des enfants qui joueraient des adultes… Mais, justement, les personnages ne sont pas encore tout à fait adultes.

Ce sont les personnages d’une toute jeune femme, qui, avec cette première pièce, entra avec son style, sa manière, sa vérité dans le monde du théâtre. C’était quand ? Il y a une trentaine d’années. Une année sans été, au théâtre de la Bastille, si l’on s’en souvient bien, c’était déjà tout Catherine Anne. Une écriture au petit point, refusant toute tentation lyrique. Elle s’est tenue à ce fil. Dans cette première pièce, il y a ses propres rêves, ses questionnements. Elle va du côté des poètes. Elle cite Rilke, mais on pense à Musset, aussi, et Joël Pommerat le montre.

Il a réuni de tout jeunes interprètes et chacun, ici, voit sa personnalité mise en valeur. Ils sont tous attachants et prometteurs : Carole Labouze, Franck Laisné, Laure Lefort, Rodolphe Martin, Garance Rivoal. Ils sont pris dans les lumières et la scénographie envoûtante d’Éric Soyer, et Pommerat les dirige avec finesse, acuité. On regrette qu’il y ait beaucoup de musique, sans que l’on comprenne toujours ce qu’elle souligne ou évoque. Mais tel quel, ce spectacle bref est remarquable. Il donne à admirer la jeunesse, il donne envie d’histoires et de théâtre. Fièrement.

Ateliers Berthier de l’Odéon (tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.eu), à 20 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche. Durée : 1 h 15. Jusqu’au 4 mai. Le 13 mai à Draguignan, le 16 mai à Istres.