Un festival et des rééditions

La manie des claviers

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Publié le 04/11/2019

Un festival autour du piano, avec de sacrées pointures, et des rééditions d'Errol Garner pour affirmer la renommée d'un instrument polyvalent.

Herbie Hancock

Herbie Hancock
Crédit photo : DOUGLAS KIRKLAND

Jamais le piano n'a autant été mis en avant en jazz, jusqu'à lui consacrer un festival entier : Pianomania (du 14 au 18 novembre dans divers lieux à Paris). Cette première manifestation du genre va accueillir la crème de la crème des pianistes actuels, parmi lesquels l'immense Herbie Hancock (14 novembre, Salle Pleyel). Inutile de présenter ce virtuose et talentueux compositeur, qui fêtera ses 80 ans l'année prochaine et dont la très longue carrière s'est développée auprès des plus grands jazzmen (Miles Davis notamment) et en leader. Pourtant, à l'inverse de Bill Evans, Keith Jarrett, Brad Mehldau, ou même le trio E.S.T., il est l'un des pianistes les moins copiés par la nouvelle génération !

Autres pointures : Kenny Barron et Jason Moran (18 novembre, La Seine Musicale). Le premier (76 ans) a fait ses classes avec Dizzy Gillespie et surtout Stan Getz, avant de devenir une source d'inspiration et un leader charismatique. Le second (44 ans), s'il a surtout côtoyé le saxophoniste Charles Lloyd, est devenu un enseignant dont les méthodes conceptuelles et le style irréprochable brillant ont fait école auprès des pianistes actuels.

Le point d'orgue de Pianomania sera une journée marathon (17 novembre, Théâtre des Bouffes du Nord) organisée par le pianiste français Baptiste Trotignon (dont le nouvel opus, « You've Changed », Okeh/Sony Music, est attendu dans les prochains jours), entre autres Alain Jean-Marie, Fred Nardin, Bojan Z., ou encore Pierre Christophe (qui vient de publier « Live at Small's », Camille Productions/Socadisc).

Erroll Garner, toujours et encore

Le prolifique pianiste souriant Erroll Garner (1921-1977), créateur du célébrissime « Misty », était adulé par le grand public, qui fut l'un des moteurs de sa popularité. L'autre étant sa musique et surtout son style unique, dit « rhapsodisant », à la fois euphorique et plein d'un swing prodigieux. Un style quasiment jamais copié de nos jours.

Plus de 40 ans après sa disparition, le label Mack Avenue (PIAS) a décidé de rééditer douze albums parus sur Octave Records, la propre maison de disques du pianiste, alors à l'apogée de sa carrière. Dans la première fournée, figurent quatre CD augmentés chacun d'un titre inédit : « Dreamstreet » (1959), « CloseUp In Swing » (1961), « One World Concert » (Live gravé en 1962 à Seattle) et « A New King Of Love » (1963, BO avec 35 musiciens d'un film avec Paul Newman).

Quatre petites perles (dont trois en trio) d'un virtuose autodidacte souvent négligé par la critique pour sa non-appartenance aux genres de l'époque et sa trop grande popularité, qui renvoient à un jazz jubilatoire, malicieux, luxuriant dans le phrasé et les chorus. Et surtout à un pianiste grognant de plaisir, qui ne donnait pas l'air de se prendre au sérieux. Huit autres rééditions sont attendues d'ici le centenaire de sa naissance en 2021.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin