Chacune des courtes histoires met en scène un patient dont la demande esthétique peut sembler a priori originale, voire loufoque. À l’image de cet homme qui, dans le but d’augmenter ses chances au poker, s’est fait greffer une paire de testicules supplémentaires.
À l’inverse, il y a des histoires pathétiques, comme celle de cette femme à la plastique naturellement parfaite, mais dont la vie est tellement vide qu’elle doit entretenir son corps pour rester « intacte, comme congelée et… attendre le prince charmant ». Ou encore, le récit du suicide de Rodolphe au terme des 4 années de reconstruction, après une première tentative qui lui avait déchiqueté le visage.
L’originalité du livre tient beaucoup au fait que l'auteur se raconte dans sa peau de patiente grande consommatrice de soins plastiques. Dès 25 ans, elle se fait refaire le menton. « Je crois aux interventions fréquentes et régulières (...) Mon hygiène de vie à moi, c’est la chirurgie esthétique. »
Si Isabelle Sarfati vit la chirurgie esthétique comme une arme de liberté « gaie et insolente », elle y voit aussi et avant tout le moyen de SE plaire et de ne jamais capituler face au destin « J’assume d’avoir besoin de me modifier et me glorifie d’en être capable. En postop je suis chimique, combative et un peu exhibitionniste. »
Sans complaisance pour elle-même, la chirurgienne n’hésite pas à décrire l’évolution des opérations qu’elle a choisi de pratiquer sur son propre corps. « Mon visage est difforme. Je rentre dans la période difficile où je me perds de vue, je n’ai ni l’ancien visage ni le nouveau. Je me demande quel visage je vais trouver après, peut-être celui d’une bouffie liftée. »
L’auteur n’élude rien de ses doutes et de ses contradictions, qu’elle livre avec humour au lecteur. « Je ressemble à une parodie de femme. Je ressemble à Betty Boop (...) Pourtant c’est superbe. À chaque fois que je montre mes seins à une patiente elle veut exactement les mêmes (...) J’ai l’impression de ressembler à une pâtisserie trop sucrée », explique-t-elle juste après s’être fait implanter des prothèses mammaires qui ne lui conviennent pas.
« Histoires plastiques » est un témoignage émouvant, parfois caustique, parfois dramatique, toujours ciselé avec délicatesse.
« Histoires plastiques », Stock, 252 p, 18,50 €
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