Vous ne ferez dire à personne que le football est dangereux. Vous passeriez pour un rabat-joie. Mais vous pouvez toujours vous étonner de ce que, quand le 10 juin 2016 est arrivé, la totalité des médias nous ait annoncé une fête européenne exceptionnelle. Personne n'a cru bon de rappeler que, avec le foot, il y a aussi beaucoup de violence. L'amère réalité des beuveries et des batailles de rue n'a pas tardé à rattraper l'Euro. Des incidents intolérables ont eu lieu à Marseille, où l'on compte de nombreux blessés, un homme entre la vie et la mort et un décès dû à la chute d'un homme ivre. Pour l'explication du phénomène, nous avons été gâtés. Il y a une tradition du hooliganisme en Grande-Bretagne, une autre en Russie. Un match entre la Russie et l'Angleterre, c'est donc un tonneau de poudre. Malgré les physionomistes et les nombreux contôles, des combats ont eu lieu entre voyous et forces de l'ordre, ce qui nous a valu de belles études sociologiques sur les hooligans russes, détestés par leurs compatriotes, et les hooligans britanniques qui les valent bien.
Mais sous le soleil de ce sport de masse, il n'y a rien de nouveau. Le foot a toujours été associé à la violence, entre les joueurs, entre les joueurs et le public, contre les arbitres. Tout le monde se souvient du drame du Heysel, en Belgique, où des mouvements de foule ont fait 39 morts et 454 blessés lors d'un match, le 29 mai 1985. Ou, avec des conséquences moins graves, du coup de boule de Zidane à un joueur italien ou encore du coup de pied de Cantona contre un spectateur qui le harcelait. Une étude montre que, pendant la saison 2013-2014, on a dénombré 4 870 « incivilités », dont 420 agressions physiques contre des arbitres, dont le nombre a diminué de 4 000 en dix ans. Et on ne s'appesantira pas sur la drame de Furiani, en Corse (mai 1992) où l'effondrement d'une tribune a causé la mort de 18 personnes. C'était, il est vrai, un accident.
Petites guerres entre nations
La violence footballistique n'enlève rien à la passion du public pour le foot, ou plutôt la seconde explique la première. Au foot sont associés de si puissants sentiments, chauvinisme, identification presque charnelle à une équipe, magie du but confinant à l'érotisme, que finalement les gouvernements, les forces de l'ordre, les responsables des institutions du foot ont choisi depuis longtemps les jeux du cirque indispensables à une foule intoxiquée au détriment de l'ordre public. Les batailles, la casse, les dommages infligés au mobilier urbain, aux boutiques et lieux de rencontre sont devenus le prix à payer d'une fête que le monde entier célèbre. On reconnaîtrait même que le football rassemble les peuples sous la même bannière de l'enthousiasme si on ne percevait dans certains matches de petites guerres entre nations.
A quoi il faut ajouter que, justement, ceux qui, par leur fonction, devraient empêcher les violences associées au football, ne brillent pas toujours par leur intégrité. Sur le foot, se sont greffés des systèmes qui autorisent les abus de pouvoir, les connnivences suspectes, certains passe-droits, la corruption. Car le foot, c'est aussi l'argent. Plus il y en a et plus les matches sont de qualité. Il suffit, pour le croire, de noter que le PSG n'a jamais été aussi puissant que depuis que son équipe comprend des joueurs de classe internationale qui s'achètent au prix fort. Des vituoses du ballon on a fait, plus que des champions, des idoles riches comme Crésus qui, parfois, perdent un peu le sens des réalités et se conduisent, par exemple ceux de l'équipe de France en Afrique du Sud, comme des enfants gâtés.
Le pire, c'est que le rappel de quelques vérités relatives au football est perçu dans le grand public comme l'expression d'une attitude adoptée par des gens qui soit ne comprennent rien à ce sport fabuleux que tout le monde pratique sur un divan et en buvant de la bière, soit se croient supérieurs à cette forme de distraction, soit encore accablent les amateurs de leur mépris d'intellectuels.
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