À QUELQUES semaines près, on aurait pu en 2010 souhaiter à cet immense artiste un bon 95e anniversaire. Quelle ingratitude que ce retard envers celui qui aura appris au monde entier toute la littérature du Lied allemand, de Mozart aux compositeurs les plus obscurs du XXe siècle, et ceci grâce à la coïncidence de son début de carrière avec la naissance du microsillon ! Songeons bien qu’il a enregistré tout Schumann, Brahms, Mahler, Beethoven, Mendelssohn et surtout Schubert, quelque 800 Lieder dont il n’a chanté qu’une infime part dans ses récitals, gravés à la perfection pour l’éternité et pour qui voudra les écouter (DG/Universal).
L’éditeur à qui il aura donné les plus belles années de sa voix et de son art, l’Anglais His Master’s Voice, dont EMI Classics est aujourd’hui le relais, a publié, en un très compact coffret cartonné de 11 cd, « Dietrich Fischer-Dieskau The Great EMI Recordings », l’essentiel absolu de ce que l’on peut thésauriser dans le domaine des Lieder, presque tous accompagnés par l’irremplaçable Gerald Moore au piano. Il compte les trois cycles de Schubert (« Belle meunière », « Voyage d’hiver » et « Chant du Cygne ». De Schumann, les cycles aussi (les deux « Liederkreis » op.24 et 39). De Brahms, « la Belle Maguelone », avec Richter, et « Quatre chants sérieux », avec Sawallisch. De Malher, « Ruckert-Lieder », « Des Knaben Wunderhorn » et « Chants du Chevalier errant », avec Barenboïm. Wolf, Strauss, Liszt, Loewe, Mendelssohn. Quelques extraits d’interviews et bonus inédits complètent ce coffret, on le répète, indispensable !
Deuxième coffret-hommage, « Recordings from the Archives » réunit en 4 cd un ensemble différent avec des Lieder de Beethoven, Haydn, Mozart, plus tardifs, accompagnés par Moore, Reimann, Höll et Barenboïm. Un petit trésor également.
Un troisième coffret, de 7 cd, est entièrement consacré à Hugo Wolf – Lieder und Orchesterwerke – et contient des inédits bienvenus. Avec les grands cycles accompagnés par Moore dans les années 1950, dont certains n’avaient jamais été reportés sur CD, et, en bonus, quelques pièces orchestrales (« Sérénade italienne », « Corregidor », « Penthésilée », dirigées quelque trente années plus tard par Dietrich Fischer-Dieskau lui-même, à la tête du Radio Sinfonieorchester Stuttgart.
Perfection dans la simplicité.
L’éditeur allemand Audite (distribution Intégral) a publié pour l’anniversaire un ensemble de 4 cd séparés, qui sont des bandes radio d’une rareté absolue, réservées aux amateurs éclairés du baryton et du Lied. On conseille particulièrement celui consacré aux duos de Schumann : Fischer Dieskau et son épouse, le soprano roumain Julia Varady, accompagnés au piano par Cord Garbe, à Berlin en 1977, donnent dans ces duos pleins de charme l’exemple de ce que peut être la perfection dans la simplicité. Des morceaux de Beethoven et Mahler, pour lesquels le baryton est accompagné par Hertha Klust, dans les années 1950, complètent cet album. Celui consacré à Reger et Heinrich Sutermeister (rarissimes et austèrissimes Lieder, avec accompagnement d’orgue par Ulrich Bremsteller) et Hindemith par Reimann, est en revanche réservé aux spécialistes et collectionneurs. Les deux autres albums, avec un programmeBrahms et Mahler, ne déméritent pas mais font d’avantage double usage dans sa vaste discographie.
Terminons par un enregistrement historique chez le même éditeur, Audite, avec deux cycles Schumann (« Kerner-Lieder » et « Liederkreis op.39 »), reprenant aussi des bandes radio de Cologne en 1954/1955, qui montrent un Fischer-Dieskau d’absolue première fraîcheur et déjà au sommet de son art.
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