À Rouen, au musée des Beaux-Arts

Le mythe des cathédrales

Publié le 12/06/2014
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Crédit photo : RMN/G. BLOT

Art

Symboles de l’architecture grandiose du Moyen Âge, saccagées à la Révolution, les cathédrales trouvent une nouvelle place au XIXe. Napoléon, en se faisant sacrer à Notre-Dame de Paris, associe les pouvoirs spirituel et temporel, tout comme Charles X à Reims sous la Restauration. Ce culte se poursuit tout au long du siècle, même sous la République. L’essor de la lithographie, dans les publications des « Voyages pittoresques », et l’attention portée aux monuments historiques ne seront que des préludes aux restaurations de Viollet-le-Duc.

De manière contemporaine, Monet, dans sa série à Rouen, voit dans la cathédrale un lieu de mémoire. « La Porte de l’enfer » de Rodin évoque les vantaux d’une cathédrale. Dans « Faust », Goethe réhabilite avec l’imaginaire gothique une tradition germanique, aussitôt reprise par l’architecte Schinkel et les peintres Friedrich et Carus, qui associent l’homme à la nature dans un environnement spirituel symbolisé par la cathédrale. L’achèvement de la construction de celle de Cologne, commencée six siècles plus tôt, fédère un sentiment national. Cet engouement est repris par les Anglais, Turner et Constable, qui en ont une vision romantique, et dans les arts décoratifs.

La cathédrale inspire aussi les écrivains : Victor Hugo, dans son roman « Notre-Dame de Paris » ; l’Anglais Ruskin, qui formalise la connaissance de l’art gothique dans « les Sept Lampes de l’architecture ». La musique n’est pas en reste, avec « la Cathédrale engloutie » de Debussy et « les Ogives » de Satie.

Le mythe s’effondre avec le bombardement de la cathédrale de Reims au début de la première guerre mondiale. Avant de devenir le symbole de la réconciliation franco-allemande avec le chancelier Adenauer et le général de Gaulle à la cathédrale de Reims le 8 juillet 1962.

« Cathédrales - 1789-1914 ; un mythe moderne », musée des Beaux-Arts de Rouen (tél. 02.35.71.28.40, www.rouen-musees.fr), tous les jours, sauf le mardi, de 10 à 18 heures. Jusqu’au 31 août.

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du Médecin: 9334