Les îles Canaries, mars 1992. Onze quadragénaires s’apprêtent à relever le défi qu’ils se sont lancé il y a trois ans lors de leur traditionnel dîner hebdomadaire dans un restaurant parisien. Tous sont des passionnés de voile ou d’aviron. Leur capitaine : Thierry Judet.
Cet homme né en 1948 est le benjamin d’une véritable dynastie de chirurgiens. Nommé à l’Internat des hôpitaux de Paris en 1970, il se consacre à la chirurgie orthopédique, est nommé chef de service à l’hôpital Tenon en 1997 pour partir en 2000 à l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches où il dirige aujourd’hui l’ancien service de son père, le Pr Robert Judet. Passionné par son métier, habité par l’ambition de transmettre aux jeunes médecins son savoir de la connaissance médical, du raisonnement et du geste, le charisme du Pr Judet est authentique.
Cette générosité ne se cantonne pas aux murs de l’hôpital et l’orthopédiste aime profiter de la vie, vivre sa passion de la mer. C’est ainsi qu’il entraîne dans son sillage toute une bande de copains, architectes, radiologues, directeur de chantier naval, cadres... à réaliser ce projet fou : traverser l’Atlantique à la rame.
Oui, c’est un projet un peu fou, car il faudra construire un canot spécifique, équipé comme un navire, radio VHS, pilote automatique, balise Argos mais léger comme une yole. Luc et Philippe Poupon dessinent cette embarcation de 15,60 mètres, Nordhal Mabire en supervise la construction au chantier nautique de Ouistreham.
4 754 km d’océan
« Le bateau est le meilleur révélateur d’amitié que je connaisse. Traverser l’Atlantique en équipage est une leçon de tolérance ». Thierry Judet n’a pas été déçu par cette belle leçon d’amitié et la traversée fut mémorable : l’équipage rame de 8 à 12 heures par jour, se relayant toutes les 2 heures le jour, 4 heures la nuit, chaque coup de rame déplace près de 4 tonnes de matériel, 4 754 km d’océan parcouru.
Un réel défi sportif durant lequel, se souvient le Dr Jean Juras, radiologue et l’un des initiateurs du projet, ils ont « appris à se plier au rythme imposé par le maître de nage, exigeant un sens du groupe qu’ils possédaient tous à 110 % ». Cet heureux cocktail de rigueur, dépassement de soi, exploit sportif, épicurisme (quelques bonnes bouteilles avaient été embarquées) fut couronné par l’arrivée de l’équipage en Martinique, 35 jours après leur départ des îles Canaries, signant à l’époque le record de la traversée de l’Atlantique à la rame.
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