* Elvin Jones (1927-2004) fut durant près de cinq ans le batteur de l'historique quartet de John Coltrane, jusqu'à son remplacement alors que le saxophoniste/compositeur prenait la voie (voix ?) d'un jazz de plus en plus libre et mystique. Deux semaines après le décès, en juillet 1967, du maître qu'il avait aidé à atteindre des sommets musicaux toujours inégalés, le batteur, qui avait connu une période d'errance, notamment auprès de Duke Ellington (pendant trois semaines), pose ses cymbales et ses fûts dans un club quasi inconnu et éphémère de New York, le Pookie's Pub. À ses côtés durant cette résidence de sept mois, Joe Farrell (saxe ténor et flûte), Billy Greene ou Larry Young (piano) et Wilbur Little (contrebasse).
Les neuf pistes de « Revival at Pookie's Pub » (double CD/triple LP, plus livret et photos), enregistrées en juillet 1967, sont le lien manquant entre la période coltranienne et la suite de la carrière du bouillonnant voire sauvage batteur, devenu leader. Balançant entre standards et originaux, la musique est un merveilleux condensé de bop et de hard bop, avec des plages particulièrement longues et, surtout, des interventions explosives et enflammées des solistes, notamment Joe Farrell. Le tout puissamment soutenu par les rythmes endiablés du grand Elvin. Un live fougueux !
* Durant la décennie 1970, le style jazz-rock ou jazz fusion, généré par Miles Davis, avait fait main basse sur la musique afro-américaine, reléguant le révolutionnaire free jazz dans ses derniers bastions, principalement en Europe. Contemporain du hard-bop, Donald Byrd (1932-2013), qui fut trompettiste au sein des Jazz Messengers d'Art Blakey, puis avec Mac Roach, avant d'enregistrer avec John Coltrane, Sonny Rollins ou Lionel Hampton, succombe au début des années 1970 aux charmes des rythmes binaires électrisés et funky. Ce qui aboutira à « Black Byrds », l'une des meilleures ventes du label.
Cette même maison de disques qui vient de découvrir « Donald Byrd - Live in Montreux », gravé en 1973 lors du légendaire festival suisse et publié dans la collection « Cookin' with Blue Note at Montreux ». Pour l'occasion, l'élégant et fluide trompettiste, au swing affirmé, s'est entouré de quelques-uns de ses plus brillants étudiants, dont les frères Mizell (Fonce, trompette, Larry, synthétiseurs), et d'une vieille connaissance, Nathan Davis (saxes). Le résultat : une musique hyperfunky, teintée de soul jazz et de rhythm'n'blues, tout droit sortie de l'usine Motown à travers son sens des rythmes puissants et là aussi d'une fougue groovy. Une sacrée découverte !
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