QUI N’A JAMAIS rêvé de voir la distribution originale de la fameuse réalisation en ombres chinoises de « l’Enlèvement au Sérail » par Giorgio Strehler et Luciano Damiani, qui vola la vedette au « Boris » par Karajan à Salzburg en 1965 ? On pourra continuer de rêver car la télévision autrichienne ne la filma qu’en 1967 alors qu’Ingeborg Hallstein et Luigi Alva, magnifiques interprètes, avaient remplacé Anneliese Rothenberger et Fritz Wunderlich, soit plusieurs crans au-dessous pour les interprètes principaux. Restent Reri Grist, exquise, Gerhard Unger et Fernando Corena, Osmin, dont la truculence fait passer quelques insuffisantes vocales. L’intelligent travail de Strehler, homme de théâtre (avec ici comme dramaturge nul autre que Klaus Michaël Grüber), que l’on pu voir jusque dans les années 1980 à Milan, Florence et Paris, est magnifiquement filmé dans sa sobriété que sublime le noir et blanc. Le jeune Zubin Mehta maîtrise avec finesse et distinction ce Singspiel, acte fondateur de l’opéra germanique.
En attendant l’âge d’or.
Pour « les Noces de Figaro », dans une production classique mais à la direction d’acteurs aussi pauvre que les décors et costumes (Gustav Rudolf Sellner et Michael Raffaelli), 1963 était un poil trop tard. Karl Böhm avait laissé (provisoirement) la baguette au jeune Lorin Maazel, qui n’est pas vraiment pas à la hauteur de l’orchestre qu’il dirige (le Wiener Philharmoniker pour les trois opéras). Les chanteurs anglais commençaient à infiltrer progressivement la distribution : pour une Patricia Johnson merveilleuse en Marceline, on a Evelyn Lear incarnant un improbable Chérubin et Geraint Evans qui joue bien, mais chante Figaro en lourdeur. Hilde Güdden, qui complétait le trio d’as ayant chanté Chérubin et Susana, n’est pas à son mieux dans le rôle de la Comtesse, qui la déborde un peu. Dietrich Fischer-Dieskau a grande allure en comte mais, surtout préoccupé d’en faire un personnage de théâtre, il oublie parfois de le chanter. Mais la Susana de Graziella Sciutti est le charme, le naturel, la bonté même. Son air du IV est un des meilleurs que l’on peut entendre. Pour elle seule ce document mérite d’être connu.
« La Flûte enchantée » enfin, montre trop bien que 1964, ce n’était pas encore l’âge d’or mozartien à Salzbourg. La production d’Otto Schenk est plus que traditionnelle, sans véritable esprit, et perd certainement beaucoup au noir et blanc. István Kertész dirige à merveille. Si la distribution a de bons atouts, le Papageno un peu lourdaud et trop âgé pour le rôle mais tendre de Walter Berry, la Pamina très dramatique de Pilar Lorengar (qui sera celle de Solti au disque), la Reine de la nuit solide de Roberta Peters, elle compte aussi deux chanteurs indignes de ce festival, le Sarastro toujours faux de Walter Kreppel et le Tamino sans finesse de Waldemar Kmentt (qui succédait sans bonheur à Wunderlich). Les spectateurs les plus attentifs reconnaîtront en Premier Garçon la divine Lucia Popp, qui débutait à Salzbourg.
3 DVDs séparés VAI (distribution Codaex).
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