LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Rappel à l’Ordre

Publié le 16/05/2013
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Paris (75)

Dr Claude Lentschener

Je viens de recevoir une lettre de rappel du conseil départemental de l’Ordre des médecins me rappelant que je restais redevable de ma cotisation annuelle de 300 euros. Je reconnais humblement avoir fait preuve d’une mauvaise volonté totale à l’égard du règlement de cette cotisation que je paie maintenant à contre-cœur pour éviter les ennuis avec la loi.

La dette de la France est celle que nous savons. Le nombre de chômeurs ne fait que s’accroître. Les impôts et autres charges obligatoires sont en hausse régulière. Tous les médecins n’ont ni la possibilité ni souvent le goût de faire payer au patient ce manque à gagner dans le cadre des dépassements que nous savons et dont la défense a donné lieu à une grève récente que beaucoup de nos concitoyens ont mal comprise.

Le moment n’est-il pas venu de demander à nos institutions ordinales de nous rappeler les avantages individuels tirés de cette cotisation de 300 euros dans ce contexte économique ? Trois cents euros que doivent payer les praticiens hospitaliers en début de carrière et les médecins installés en zone rurale. Cette taxe est bien élevée dans le contexte économique actuel. La première mesure prise par notre « Président Normal » et ses « Ministres Normaux » a été de réduire leurs salaires à titre symbolique. Ne serait-il pas décent que nos autorités de tutelle quittent les beaux quartiers (...) et finalement, je le répète, qu’elles nous rappellent comment est utilisée cette somme… 300 euros... et quels avantages le médecin de base en tire.

P4P, « bonnet d’âne »

Courville (28)

Dr Noël Tallet

Grand amateur de western, je constate qu’hélas, je ne suis pas un bon chasseur de prime : j’ai perçu 3 500 euros, soit un « butin » bien inférieur à la moyenne. Mes ordonnances à la plume, mon bureau « cuir et bois » sans informatique mais décoré d’une rose et de bonbons pour ma pédiatrie doivent être les coupables…

Beaucoup de fortune morale en revanche par la reconnaissance de mes patients fidèles depuis 35 ans : à leur écoute 65 heures par semaine, rendez-vous assurés dans la journée, moins de 10 minutes d’attente…

La liberté et la qualité des soins ont un prix ; à ce propos, je suis curieusement un des médecins du département à avoir un coût « indécent » : peu d’arrêt maladie, de pharmacie, de kinésithérapie… mais la direction de la caisse primaire ne semble pas intéressée par le déficit abyssal des finances de l’assurance-maladie !

Espérant faire mieux l’année prochaine dans un métier magnifique…

Compléments d’honoraires à l’hôpital : la farce et le mépris

Paris (75)

Dr J.-B. Conan

Acte I : campagne de presse titrant sur les dépassements d’honoraires, reprise servilement par les médias, dont seulement certains, quand même, expliquent que les excès les plus fréquents et les tarifs les plus excessifs se trouvent… dans le secteur privé de l’hôpital public !… et parmi eux le Pr Touraine, frère de notre si toxique MST !

Acte II : on associe le mensonge de l’accès aux soins pour les plus démunis (en taisant que les CMU et AME ont accès sans frais à tous les médecins du privé) et on prend donc des mesures.

Pour la médecine privée : un avenant 8 honteusement arraché au matin blême à des syndicalistes fatigués et abusés par des promesses verbales d’apaisement qui seront, bien sûr, niées ensuite.

Pour l’hôpital public : on demande un rapport…

Acte III : les modalités désastreuses de l’avenant 8 se précisent qui amèneront le déclin de la chirurgie, des spécialistes et des cliniques privées dans un non-dit assourdissant

Quant au rapport sur les compléments d’honoraires, on a bien lu : on ne change rien…

Scène finale : qu’importe de voir, pour des seuls motifs idéologiques, abattre la médecine libérale de France par un quarteron d’incapables dogmatiques et irresponsables, du moment qu’on a pu sauver la sérénité de la famille Touraine !

Souvenirs du Marathon de Boston

Paris (75)

Dr Jacques-Marin Crestinu

Les années se suivent et ne se ressemblent pas.

Je fus invité en 1993 au Congrès américain de Chirurgie esthétique-plastique Boston. Passionné d’art, j’arrivais deux jours plus tôt pour visiter leurs formidables musées. À cause de la crise, la ville était quasi déserte et tous les magasins fermés, et « For Sale ! ».

Elle fut illuminée, la veille du congrès, par l’extraordinaire ambiance multicolore du Marathon, une fête fantastique, où des dizaines de milliers de participants et leurs familles faisaient oublier l’austérité de la crise économique, déjà une des plus graves des temps modernes. Les chants, musiques, chopes de bière, vestiaires à ciel ouvert, dans les cafés ou les restaurants, sont restés profondément inscrits dans ma mémoire. Boston la bourgeoise, la sectaire parmi toutes, était devenue une ville de solidarité et de volonté de vaincre.

Les plasticiens aussi en profitaient, avec ce brillant congrès, où à ma grande surprise, je fus programmé en « vedette à l’américaine » : la dernière communication du dernier jour. Merci.

Devant les atrocités de la fin du Marathon de cette année, la force et la joie de vivre de cette manifestation pacifique ont été un puissant stimulant contre les adversités de tous genres, si fréquentes outre-Atlantique.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9242