Vibraphone, piano

Solistes en liberté

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Publié le 12/06/2020
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« La solitude est une forme de liberté », écrivait Umberto Eco. Un défi à soi-même lancé par un vibraphoniste et deux pianistes.
Pascal Schumacher

Pascal Schumacher
Crédit photo : MARC LAZZARINI

* Il y a longtemps que les musiciens, notamment étiquetés « jazz », s'amusent à casser les codes et à emprunter des voies souvent inattendues. Ainsi Pascal Schumacher. Formé dans la classe de percussions du Conservatoire de Luxembourg, le jeune homme (41 ans) s'est tout naturellement tourné vers le jazz, après la musique contemporaine, quand il a embrassé le vibraphone. Sans oublier d'adjoindre la musique électronique à sa palette.

Pour son nouveau disque en solo absolu, « SOL » (Neue Meister/DistriArt Musique), l'instrumentiste compositeur se promène avec une grande aisance dans un univers original (à l'exception d'une reprise du fameux « Tubular Bells » de Mike Oldfield et d'une chanson japonaise, « Tearjerker »). Un univers qui fait référence à la musique contemporaine répétitive, minimaliste et intimiste, plus qu'au jazz, avec des variations électros. La douce sonorité du vibraphone et le côté éthéré de l'utilisation de ses lames y étant pour beaucoup.

* Pianiste, compositeur et enseignant (au Conservatoire de musique de Strasbourg), Benjamin Moussay, qui a étudié dans la classe Jazz du Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) de Paris, s'est frotté à de solides jazzmen, comme Archie Shepp, Dave Liebman, Jerry Bergonzi, Michel Portal, ainsi qu'à des vocalistes comme Youn Sun Nah et Claudia Solal (fille du pianiste Martial Solal). Surtout aux côtés du clarinettiste Louis Sclavis, avec qui il a gravé trois albums majeurs pour le label allemand ECM.

Et c'est tout naturellement avec ECM qu'il a enregistré son dernier opus en solo, « Promontoire » (ECM/Universal). Au programme, douze courtes pièces originales (entre 1 et 4 minutes), certes brèves dans leur exposé thématique, mais qui débouchent sur de belles variations. Des variations qui ressemblent à –  et rassemblent – des évocations. Défilent sous les doigts du soliste et sur les touches de son piano toutes ses sources d'inspiration, depuis les grands maîtres classiques jusqu'aux références  dans le monde du jazz. Le tout dans cet esprit typique de l'univers souvent feutré d'ECM.

* En 1970 parait l'opéra-rock « Jesus Christ Superstar » (musique d'Andrew Lloyd Weber, livret de Tim Rice), d'abord présenté à Broadway, puis porté à l'écran par Norman Jewison. C'est en partie l'inspiration du pianiste (et vocaliste) milanais Stefano Bollani pour « Piano Variations On Jesus Christ Superstar » (Alobar/UVM). Là encore des variations, des réinterprétations et des libres improvisations sur des thèmes  qui appartiennent à l'histoire du rock. Cette approche nouvelle, audacieuse et très personnelle a des accents lyriques et évoque les glorieux aînés qui ont façonné le style éclectique de ce soliste redoutablement inspiré.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin