Des standards revisités

Sur un air de swing

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Publié le 20/05/2019
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Jazz-Artero

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Jazz-Section rythmique

Jazz-Section rythmique
Crédit photo : DR

Jazz-Cid

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Rarement le « Great American Songbook », autrement dit le répertoire et les standards du XXe siècle, et nombre d'iconiques jazzmen n'ont été autant à la mode. La raison : retrouver des sources d'inspiration et, de façon assez contradictoire, de renouvellement.

Une démarche assumée depuis des lustres par Patrick Artero. Trompettiste de son état, auréolé d'une Victoire du jazz en 2009, membre des Haricots Rouges à ses débuts, il n'a jamais caché son admiration pour ses glorieux aînés. Même si un temps, il s'est éloigné du jazz pour accompagner Kassav', Bernard Lavilliers ou Eddy Mitchell.

Reconnecté depuis au jazz, il s'est illustré notamment en rendant hommage au cornettiste Bix Beiderbecke et à… Jacques Brel. Aujourd'hui, il retrouve le chemin des studios pour saluer, dans « Family Portrait » (Camille Production/Socadisc), ces illustres trompettistes qui ont été ses mentors, Joe Newman, Rex Stewart, Louis Armstrong ou encore Buck Clayton.

Superbement accompagné par La Section Ryhmique (David Blenkhorn, guitare, Sébastien Girardot, contrebasse, et Guillaume Nouaux, batterie), ce gardien du temple évoque et invoque mélodiquement et idéalement ces esprits. Il y associe des textes du grand poète afro-américain Langston Hugues (1902-1967), récités par Don Vappie.

Un album en forme d'autobiographie musicale, avec des hommages multiples ancrés dans la tradition.

Du rythme à 5

La Section Rythmique, justement. Drôle d'appellation pour ce trio de base, originaire de la région bordelaise, qui, outre Patrick Artero, est très souvent sollicité, par la chanteuse Cécile McLorin Salvant et le clarinettiste Evan Christopher, notamment, et/ou sollicite des solistes et des invités, avec comme référence le swing.

Pour leur nouveau CD, intitulé tout simplement « La Section Rythmique +2 » (Frémeaux & Associés), David Blenkhorn, Sébastien Girardot et Guillaume Nouaux ont invité deux solides saxophonistes : le jeune altiste italien Luigi Grasso et le ténor américain Harry Allen, disciple de Ben Webster et Coleman Hawkins, dont on commémore le 50e anniversaire de la disparition.

Au programme, des compositions d'Al Cohn, Wes Montgomery, Johnny Hodges/Ben Webster, Duke Ellington/Billy Strayhorn, Hoagy Carmicheel ou encore Oliver Nelson. Bref, la crème de la crème du jazz qui swingue et qui bope avec dévotion et élégance.

Hommage à Kay Swift

Saxophoniste (alto) catalan installé en France depuis une quinzaine d'années, Esaïe Cid a surtout fait ses armes au sein de plusieurs big bands, avant de multiplier ses collaborations avec la nouvelle génération de jazzmen français.

Pour son nouvel opus, « The Kay Swift Songbook » (FreshSound Records), le leader s'est entouré d'un très solide quintet, comprenant notamment Jerry Edwards (trombone) et Mourad Benhamou (batterie), pour honorer la mémoire de la compositrice Kay Swift (1897-1993), muse et amie intime de George Geshwin dans les années 1920-1930, première femme à écrire une comédie musicale pour Broadway (« Fine And Dandy », 1930).

Elle fut aussi à l'origine de deux standards du jazz, « Fine & Dandy » et « Can't We Be Friends ? ». Que l'on redécouvre dans un album musicalement très passionnant, à la fois innovant et respectueux de l'écriture d'une égérie de l'époque swing. Des morceaux interprétés avec brio, amour et dévotion par un quintet qui sera le 21 mai au Duc des Lombards, à Paris.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9751