Un livre sur Rudolf Serkin

Une leçon d'humilité

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Publié le 23/04/2019
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Classique-Serkin

Classique-Serkin

Né dans une famille pauvre à Eger, en Bohème, Rudolf Serkin (1903-1991) fut éduqué musicalement à Vienne, intégré à Bâle à la famille Busch, qui était ce que l’Europe centrale comptait de mieux pour la musique de chambre, exilé en Amérique, où il fonda à Marlboro, dans le Vermont, une université de musique et fut professeur, puis directeur, au Curtis Institute de Philadelphie.

« Rudi - La leçon Serkin » (Actes Sud, 224 p., 18 €) est le prolongement du récit d’André Tubeuf sur le violoniste Adolf Busch, « Le Premier des justes », publié par le même éditeur en 2015. Rudolf Serkin était le gendre d'Adolf Busch ; sa carrière, son exil et son implantation aux États-Unis suivent le destin du Quatuor Busch.

André Tubeuf a bien connu Rudolf Serkin et ajoute une touche très personnelle au portrait de l’homme, de l’artiste et de sa famille. Sans être allé à Marlboro, où Rudolf Serkin enseignait chaque été à des solistes du monde entier « à devenir second violon », l’auteur dépeint l’originalité du projet de Serkin et des Busch et son retentissement sur la vie musicale mondiale.

Au travers de Bach, Beethoven et Schubert, principalement, et de nombreuses œuvres chambristes, le livre analyse l’art pianistique très particulier de Serkin, ce qu'André Tubeuf appelle « la leçon Serkin », une grande fidélité aux textes et aux intentions des compositeurs, sans recherche d’effet de mode.

Pas de discographie exhaustive, elle est largement évoquée dans le texte. Et en fin de volume, André Tubeuf donne quelques pistes, sur YouTube principalement, pour découvrir un peu plus que ce que les éditeurs de Serkin ont bien voulu le laisser enregistrer.

Une belle leçon, assurément. À l’âge des musiciens stars, la leçon d’humilité d’un homme qui a su faire une carrière exemplaire malgré les impératifs de l’histoire et les nécessités de la vie. Une tranche de l’histoire de l’interprétation

Rappelons qu'en 2017 Sony Classical a publié en 75 CD, remastérisés et présentés somptueusement dans leur pochette d’origine, l’intégralité des enregistrements du pianiste pour Columbia, soit 63 heures de musique. L’essentiel du coffret est consacré à son répertoire de prédilection, les Sonates de Beethoven (17 sur les 32), ses Concertos, sous la baguette d'Ormandy, Szell, Bernstein, Toscanini, Schneider, Walter… Et Brahms, Mozart, Bach, Reger…

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9743