Les poids de la station de musculation s’élèvent et s’abaissent à un rythme régulier dans le ronron du tapis de marche tout proche.
On pourrait se croire dans une salle de sport tout à fait banale, s’il n’y avait pas une profusion de blouse blanche et de chaises roulantes vides. Les utilisateurs des agrès et de la salle de balnéothérapie toute proche sont soit des patients amputés, soit des sportifs venus se remettre en forme dans le nouveau centre de médecine sportive Santély Sport inauguré en octobre dans l’Est Lyonnais.
La terreur des sportifs
« La blessure terrorise les sportifs, elle peut réduire à néant des mois de préparation, explique Jean-Claude Jouanno, président du Comité régional olympique du Rhône. S’ils n’ont pas de réponse rapide de la part des médecins, ils sont la proie des légendes qui courent sur les conséquences d’un traumatisme : "tu ne pourras plus courir", "j’ai un copain qui a pu retourner sur le terrain en deux semaines", il y a une sorte de compétition autour de la capacité à se remettre le plus rapidement possible d’une blessure. »
C’est cette relation particulière du sportif aux traumatismes qui a poussé le Dr Cédric Eynard, généraliste travaillant aux urgences de l’hôpital privé de l’Est Lyonnais (HPEL) et passionné de triathlon, à monter en 2012 un projet de centre de médecine sportive.
Trois ans plus tard, le projet s’est concrétisé au sein des bâtiments du HPEL dédiés jusqu’ici à la rééducation des patients amputés. Une des choses qui frappe le plus quand on arpente les couloirs de ce nouveau centre, c’est le grand nombre de sportifs que l’on croise sous les blouses blanches, à l’image de ce kinésithérapeute malvoyant qui fait partie de l’équipe de Lyon de Torball, ou de Franck Solforosi, cet autre kinésithérapeute qui défendra les couleurs de la France en aviron « quatre sans barreur ».
Un million et demi de sportifs réguliers
« On avait besoin de ce lieu pour rassembler les sportifs blessés qui étaient un peu perdus, explique le Dr Eynard, Lyon dispose déjà de quelques centres de médecine du sport, le centre orthopédique Santy mais ils sont très orientés vers les sportifs professionnels comme les joueurs de l’Olympique Lyonnais. Ce qui manquait, c’est une réponse globale pour les sportifs amateurs. »
Sylvain Favier, est le directeur de l’hôpital privé de l’est lyonnais, la problématique du sportif blessé ne lui est pas inconnue, lui qui a abandonné ses deux ligaments croisés antérieurs dans la boue des terrains de football stéphanois : « Il y a environ 500 000 sportifs licenciés dans la région lyonnaise, et près d’un million de personnes répertoriées comme pratiquant un sport régulier », détaille-t-il. Les bâtiments du nouveau centre Santély sport sont stratégiquement positionnés, à proximité d’un nœud autoroutier, au sein d’un bassin de population de 40 000 habitants, entre la ville de Saint Priest, Vénissieux et l’aéroport de Lyon-Bron.
L’établissement a en outre signé un partenariat avec le Comité régional olympique du Rhône. « Le comité gère toutes les infrastructures sportives de la région, explique Sylvain Favier, ils possèdent des banques, des assurances et brassent des informations. Nous sommes identifiés auprès d’eux comme un établissement de référence et ils nous aideront à mettre en place des missions centrées sur la prévention au cours d’événements comme la journée régionale du sport. »
Pour l’instant, l’essentiel de l’activité tourne autour de la rééducation adaptée aux sportifs ayant subi une opération de chirurgie orthopédique. Ils bénéficient d’une information, d’un bilan physiologique avant de commencer les premières séances de remise en forme.
Une fois cette offre de soin pour sportifs blessés bien implantée, les médecins du centre Santély Sport souhaite proposer des programmes d’entraînement adaptés aux patients des consultations de cardiologie, de cancérologie et de pneumologie.
« Nous proposerons aussi un suivi médical aux patients qui souhaitent commencer une préparation dans un but précis, comme faire trois marathons dans l’année, détaille le Dr Eynard, ces sportifs-là ont besoin d’une préparation spécifique avec des tests d’efforts que l’on ne peut pas encore proposer, mais ce sera possible lorsque l’on disposera de machines d’exploration physiologique, de spiromètres, et d’appareils de mesure d’échange de gaz. » Ces équipements devraient être disponibles à l’horizon 2016, le centre sera alors en mesure de recevoir 20 à 25 patients par jours.
Venir en aide aux généralistes du Rhône
Autre activité visée par le centre : la délivrance de certificats médicaux d’aptitudes à la pratique sportive afin de soulager des généralistes de moins en moins nombreux dans la région. « Nous essayons de développer un réseau avec les médecins de ville, raconte Sylvain Favier, ils sont souvent confrontés à des problématiques d’isolement, et quand ils envoient quelqu’un vers un spécialiste, il faut qu’ils soient sûrs de la qualité des soins. » Le centre envisage plusieurs développements de leur activité, et notamment l’acquisition d’une IRM. Les démarches auprès de l’Agence régionale de santé sont en cours, une autre forme de courses d’endurance commence.
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