Vraie fan des sixties

UN JOUR, Emmanuel Daumas, comédien et metteur en scène de talent, a vu « Anna ». Un film, curiosité de la Nouvelle Vague, produit pour la télévision française et diffusé en février 1967. On le revoit dans des festivals ou sur des chaînes spécialisées. C’est un bijou en couleurs acidulées (il fut diffusé en noir et blanc), tourné dans les rues de Paris et à Deauville pour la célèbre chanson « Sous le soleil ».

Car « Anna » est un film musical écrit et réalisé par le Suisse Pierre Koralnik, sur des chansons et musiques de Serge Gainsbourg, avec des dialogues de Jean-Loup Dabadie. Une histoire d’amour : un homme est tombé amoureux de l’image d’une jeune femme. Il ne cesse de la côtoyer mais ne la reconnaît pas, car elle porte des lunettes de myope. Anna Karina est magnifique, Jean-Claude Brialy et Serge Gainsbourg lui-même, l’entourent.

Emmanuel Daumas a donc adapté « Anna » pour la scène, avec orchestre intégré au jeu. Cela se passe dans une agence de publicité et, ici, tout le monde participe au spectacle en jouant, en chantant, en dansant mais aussi en déplaçant les éléments du décor, de grands panneaux coulissants qui transforment l’espace.

Le metteur en scène a réuni ses copains de la rue Blanche. Dans le rôle d’Anna, la blonde et solaire Cécile de France se révèle excellente chanteuse et elle est très bien entourée. Grégoire Monsaingeon est Serge, Gaël Leveugle Léopold. Deux filles épatantes se métamorphosent sous nos yeux, Florence Pelly et Crystal Sheperd-Cross.

C’est enjoué, vif, drôle. La direction musicale de Philippe Gouadin, avec trois musiciens excellents, est électrique et entraînante. Un divertissement original découvert au printemps dernier, en extérieur, aux Nuits de Fourvière, et qui se donne sur le grand plateau du Rond-Point.

Théâtre du Rond-Point (tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr), du 5 septembre au 6 octobre. À 21 heures du mardi au samedi, dimanche à 18 h 30. Relâche exceptionnelle le mardi 10 septembre. Durée : 1 h 40.