Courrier des lecteurs

Médecine scolaire, une négligence coupable

Publié le 16/06/2020

Il y a quelques jours de cela, la Cour des Comptes a mis au grand jour les problèmes de notre système de santé en milieu scolaire. Les sages de la rue Cambon mettent en avant le manque d’efficacité de ce système qui « encadre » mal les élèves. En fait plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation dramatique :

L’effectif des médecins scolaires s’est réduit en peau de chagrin. Près de la moitié des postes sont vacants. De ce fait, les confrères doivent s’adapter et accepter de travailler au sein de plus de structures avec une moyenne horaire de travail plus réduite. Pour avoir un maximum d’efficacité, de nombreuses tâches sont déléguées à des infirmières. Cependant, une expertise d’un médecin n’est pas équivalente à celle d’une infirmière dans le dépistage de certaines pathologies ou de problèmes médico-sociaux.

Le millefeuille administratif donne régulièrement des maux de tête aux médecins scolaires. On veut faire plus, en ayant un effectif réduit ; cela est impossible. En fait, nos dirigeants ne veulent plus prendre de risques, et demandent par exemple aux médecins scolaires d’établir des protocoles pour les enfants allergiques phobiques : le PAI (projet d’accueil individualisé).

Outre le fait que ces demandes embolisent les cabinets médicaux libéraux, elles occasionnent des interrogations des médecins traitants qui considèrent que la crise d’asthme survenu chez « le petit » 6 ans auparavant ne nécessite plus de telles précautions.

Les acteurs de ce système de santé qui est mal considéré par de nombreux confrères et les parents sont mal rémunérés.

Un maillon indispensable

Au-delà des considérations politico-budgétaires, il faut reconnaître que la médecine scolaire est un maillon qui devrait être fort au sein de notre Société. Outre le rôle dans la prévention, il ne faut pas oublier que certains enfants ne sont pas suivis de manière régulière par les médecins traitants ; et en plus souvent ceux qui le nécessiteraient vraiment. Dans ces cas, le médecin scolaire joue un rôle d’interface entre la famille et le médecin libéral, mais aussi parfois l’unité médico-légale.

Par ailleurs, le médecin scolaire peut, grâce aux enseignants, mettre en avant et parler des difficultés de certains enfants dans leur environnement. Cet aspect des choses est fondamental, et souvent oublié par notre système de soins.

Or les problèmes de nos futurs concitoyens pourraient (dans certains cas) être résolus, si plus de place était donné à cette expertise. Aussi est-il urgent d’augmenter les effectifs des médecins scolaires, mais aussi de donner l’opportunité à certains médecins libéraux de pratiquer la médecine scolaire sur un temps partiel.

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Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin