Plusieurs membres de l’exécutif ont pris ces derniers jours la parole pour exprimer leurs attentes, mais aussi pour tenter de donner plus de place aux soins. Des propositions afin de garantir une qualité des prises en charge pour l’ensemble des citoyens ont été actées.
La pression sur les patients
Le premier Ministre a montré sa détermination pour combattre un fléau qui sévit au sein des cabinets médicaux, et qui fait couler depuis des mois beaucoup d’encre (avec un rejet de la part de certains politiques) : les lapins. Cette situation a tendance avec les années à s’amplifier, et devient problématique pour pas mal de médecins. En effet, actuellement nombreux sont les confrères qui n’acceptent plus de recevoir les patients sans rendez-vous, cela pour avoir une idée concernant le début et la fin de leurs horaires de travail.
Compte tenu des délais parfois longs pour obtenir une place (cela tient essentiellement au fait que l’offre de soins se limite de plus en plus), certains patients oublient qu’ils sont attendus au sein du cabinet médical. Cet état de fait n’excuse pas le comportement de ces personnes qui manquent souvent d’éducation, ce que nous voyons par ailleurs en lisant la presse dans d’autres domaines (école, respect des forces de l’ordre…).
Au sein de notre cabinet médical, nous avons décidé d’avoir des plages de rendez-vous (délai d’attente de 15 jours) qui sont de trois heures par jour. Le reste du temps les patients sont reçus librement. Je reconnais que cette manière de travailler est souvent harassante car on ne sait jamais si nous pouvons partir tôt (cela est d’ailleurs de plus en plus exceptionnel).
Ce qui m’a quelque peu surpris et énervé, c’est de voir qu’en moyenne sur 30 consultations sur rendez-vous (nombre total de plages hebdomadaires allouées à cela), trois à quatre patients ne viennent pas. Il est certain que cette situation est très frustrante, cela d’autant plus que nous essayons de tendre une main aux patients pour leur faciliter leur quotidien. Bien entendu dans notre cas toute consultation sans rendez-vous non honorée conduit à remplir avec ces patients le pool des consultations libres.
La taxe « lapin » va s’adresser aux étourdis et pas aux professionnels de tels dérapages
M. Attal demande aux patients de payer cinq euros en cas de non-respect des rendez-vous. À mon avis cette mesure est quelque peu contre-productive car elle va s’adresser aux étourdis, et pas aux professionnels de tels dérapages qui ne seront probablement pas taxés. De plus, une nouvelle fois cette exigence favorise une levée de boucliers des associations de défense des usagers, mais aussi des structures politiquement en opposition au gouvernement.
Je me demande si cette prise de position du Premier ministre n’a pas pour rôle de calmer le jeu en ce qui concerne les négociations conventionnelles.
La pression sur les médecins
Le lundi 8 avril, le ministre délégué à la Santé s’est exprimé sur les ondes d’une radio pour expliquer que tous les Français devaient avoir accès aux soins en dehors des jours ouvrables : « En cas d’échec de discussions, nous n’hésiterons pas à poser une obligation de garde là où c’est nécessaire ».
Notre bon ministre délégué oublie que pour favoriser une adhésion à son programme il est nécessaire : de mieux rétribuer les médecins qui effectuent ce service (le lendemain il n’est pas pensable sur certains secteurs de reprendre une activité professionnelle car les professionnels de santé sont épuisés après un week-end de garde).
De plus notre cher M. Valletoux oublie que nous travaillons plus de 50 heures par semaine, et qu’il n’est pas pensable de rajouter un petit plus (en ce qui me concerne j’accepte de faire les gardes de mon secteur, mais je me rends compte que je ne serais jamais remercié et que je n’aurais aucune compensation). Pourquoi ne demande-t-il pas aux médecins fonctionnaires ou assimilés de faire des gardes également le week-end ?
Après tout il s’agit d’un service public qu’il est important, je le conçois, d’assurer.
Parallèlement des propositions ont été développées par le Premier ministre en ce qui concerne la délégation de charge. Une nouvelle fois cette prise de position s’est effectuée sans aucune concertation avec les professionnels de premier recours.
Ces différents signes envoyés par l’exécutif me font froid dans le dos car je me rends compte que ces différentes sommités sont aux abois, et ne savent pas de quelle manière résoudre l’équation avec comme dénominateur la pénurie de médecins. Aussi ils sortent dans la précipitation (possible pression du fait des élections européennes) de leur chapeau des mesures très impopulaires, et qui ont de grandes chances d’être contre-productives.
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