Des malades meurent encore sur des brancards aux urgences et avec le tri par le 15. Ils seraient plus d’une cinquantaine au cours du 1er trimestre 2023.
Les urgences graves se mélangent avec la bobologie et la décompensation passe inaperçue. L'attente peut atteindre 12 à 24 heures. Avec la pénurie de personnels et l’absence de surveillance, il peut même y avoir des « malades oubliés » et des viols !
Nombre de services ferment la nuit, voire pour quelques jours faute de personnels.
La pénurie de chirurgiens « compétents » accessibles
On ne compte plus le nombre de péritonites, conséquences du retard de prise en charge par un chirurgien, après des attentes excessives aux urgences pour avoir son avis.
La spécialité de chirurgie générale qui permettait de prendre en charge les urgences a été supprimée. Ainsi nombre de jeunes chirurgiens ne savent plus opérer une hémorragie grave par rupture de grossesse extra utérine ou une rupture de rate.
Avec la pénurie de chirurgiens formés aux urgences abdominales et à la traumatologie, les retards s'accumulent.
Une simple appendicite devient une péritonite et une occlusion se perfore faute d'être opérée à temps.
Pour l'Académie de chirurgie, 45 % des urgences chirurgicales sont prises en charge avec retard. Les militaires ont gardé la formation à l’ancienne. En OPEX cela permet de prendre en charge en binôme les urgences dans les hôpitaux de l’avant.
Le sénateur Jean Paul Savary lors du débat sur les urgences au Sénat a parlé des solutions exposées dans le livre Blouses Blanches colère noire pour soutenir mes propositions pour résoudre ces problèmes.
Le tri des urgences par le 15
Mis en place par le nouveau ministre, il n’a fait que déplacer le problème. Trier par téléphone nécessite en effet un personnel formé et donc des médecins régulateurs en nombre alors que l'on manque de soignants.
Orange a déjà buggé, ce qui rend alors les appels impossibles. Que se passera-t-il en cas de coupure prolongée des réseaux ?
La submersion des services pédiatriques pendant l'hiver
L’épidémie de bronchiolites est un phénomène récurrent qui nous rappelle les épisodes passés. Tous les ans les services étaient submergés en hiver par les problèmes respiratoires aiguës, grippe et bronchiolites.
La pénurie de personnels spécialisés persiste car le numerus clausus n'a pas été supprimé à l'internat entraînant un manque de pédiatres et de réanimateurs. Ainsi 25 % des Français n'ont pas de pédiatres dans un rayon de moins de 100 km
A cela s'ajoute l'absence des personnels non vaccinés toujours suspendus et la baisse des précautions sanitaires à la sortie de la pandémie.
D'une manière générale, ces problèmes dépassent la pédiatrie, c'est toutes les spécialités qui sont en sous nombre. Sans les personnels intérimaires ce qui risque d'arriver avec la loi Rist, ce sera pire !
Les petites maternités sont menacées
Un nouveau rapport « commandité » prône de fermer les petites maternités. Ce serait une catastrophe pour l’attractivité du territoire et aggraverait les déserts. Pour les élus locaux, le sujet est explosif. Les maternités sont des arguments pour attirer des populations, des activités et des soignants. Certains directeurs d’hôpitaux souhaitent qu’elles ferment, prétextant des risques. En ne formant pas assez de soignants et en allongeant la formation des sage-femmes pour la délégation de tâche, les tutelles en sont responsables. Quels médecins iraient s’installer là où les établissements de soins ont tous fermés ?
De nouvelles contraintes avec le retour « des officiers de santé » de la Loi Rist
Avec l’article 1 de la PPL- Rist, les « infirmiers en pratique avancée praticien (IPA)» pourront « intervenir en première ligne » sur des pathologies courantes « identifiées comme bénignes », ce qui est une pure vue de l’esprit.
Ainsi au Québec certains malades restent deux ans sans voir de médecins pour des symptômes en apparence bénins. Cela entraîne un retard diagnostic qui peut compromettre le pronostic vital. Une maladie grave peut se cacher derrière des symptômes banaux.
De nouvelles mesures s’ajoutent à ces contraintes, tels le conventionnement sélectif, le service d'accès au soins (SAS). La PPL Rist introduit l’obligation de gardes et une responsabilité collective à l’intérieur du secteur du SAS.
La limitation des droits aux remplacements est instituée pour obliger les jeunes médecins à s’installer. Faute de remplaçants, les vieux médecins vont déplaquer.
Qui voudra encore être médecin demain avec la ré-accréditation tous les 5 ans?
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