Guillaume Garot, député PS de Mayenne, a déclaré il y a quelques jours : « Nous disons à nos médecins de ne plus s’installer là où il y a suffisamment de médecins, mais d’aller où ils veulent là où les patients ont besoin d’eux ».
J’ai initialement cru que Guillaume Garot proposait cela aux médecins de sa circonscription et suis allé vérifier la densité médicale en Mayenne, qui comme celle de l’ensemble du territoire, est loin d’être rassurante. Pire encore, d’après le rapport de la Drees sur la démographie médicale, le pire serait à venir. En effet, cette dernière, reflétant l’offre de soins par les médecins en activité, ne retrouvera le niveau actuel qu’en 2030. Entendez donc que le pire est à venir et que nous ne retrouverons le niveau de 2023, qui est déjà un niveau historiquement bas, que dans sept ans.
Juste un problème de répartition ?
Mais ce député, comme d’autres représentants élus, a dû décider qu’il n’y avait pas de problème de démographie mais juste un problème de répartition des médecins. Ce qui donnerait parfois l’envie d’être une petite souris et d’assister aux réunions parlementaires où ces mêmes députés se réunissent pour se dire « Bon à quelle circonscription allons-nous prendre des médecins ? Qui en a en trop ? ». Et de voir à ce moment-là tous les élus regarder leurs chaussures, comme autant d’élèves de collège à qui un enseignant poserait une question à laquelle ils ne connaissent pas à la réponse et espèrent qu’en faisant profil bas, ce sera le voisin qui sera interrogé. Toutefois, j’imagine qu’une telle prise de position d’un élu de la république lui permette de se retourner vers ses administrés en leur disant « Regardez, tout va très bien, il y a quelques petits soucis, mais j’ai pris en charge le problème ».
Alors que pour avoir davantage de médecins généralistes, la situation nécessiterait de discuter correctement de leurs missions, des tâches administratives qu’ils pourraient déléguer et de la revalorisation, notamment financière, de la profession. Il conviendrait de préciser, alors que les pouvoirs publics ont décidé d’instaurer une quatrième année pour les internes de médecine générale, les modalités d’application de celle-ci. Bien que le rapport ad hoc ait été rendu en temps et en heure fin janvier par leurs auteurs, aucun décret d’application n’est paru à ce jour et les étudiants de sixième année de médecine devront bientôt choisir une spécialité sans savoir quelle durée, ni quel contenu elle aura. Pire encore, le ministre avait déclaré en décembre 2022 que les financements pour former les maîtres de stage devant recevoir ces internes, allaient être rendus pérennes en dehors du quota DPC. À l’heure où j’écris ce billet d’humeur, rien n’a été fait et, pire encore, l’ANDPC et sa présidente semblent plutôt décidées à réduire drastiquement l’enveloppe budgétaire permettant ces formations. De la même manière, des bruits de couloir inquiétants proviennent des ministères et laissent à penser que ceux-ci veulent réduire le nombre d’enseignants-médecins, alors qu’il y a toujours plus d’étudiants à former. Mais, en public, nos ministres respectifs aiment à déclarer que « tout va très bien, hormis quelques ajustements de ci, de là, qui viendront bientôt ».
Si la situation est catastrophique en ville, elle n’est pas plus glorieuse à l’hôpital. Même si les rangs des soignants se sont vus augmentés depuis quelques jours par la réintégration de soignants dits « antivax », éloignés de leurs postes de travail car opposés à la science et ses faits, mais de surcroît, opposés à la protection des patients les plus faibles et fragiles, par leur refus de se vacciner ou de porter un masque. Certains ont d’ailleurs déclaré dans un journal national qu’ils ne faisaient plus confiance à la médecine et qu’ils remettaient en cause des traitements comme les antibiotiques. Cette réintégration, rendue possible par le ministre de la Santé fait grincer beaucoup de dents parmi les soignants. Un de nos confrères, le Dr François Braun, urgentiste, a fait part de son inquiétude s’il devait être soigné par un « antivax », lui-même réintégré par Monsieur François Braun, ministre de la santé. Gageons que le ministre peut, à l’heure actuelle, venir au-devant de la population en leur disant : « Regardez, la situation s’améliore, nous avons davantage de soignants depuis quelques jours ».
Il faut sans doute reconnaître que concernant le système de santé en France, on déplore « un tout petit rien […] mais, à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien… »
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