Il y a quelques semaines de cela, Thomas Fatôme directeur général de la Cnam a été auditionné par le Sénat. Droit dans ses bottes, il a expliqué avec une grande « franchise » les raisons de l’échec des négociations conventionnelles : les syndicats. Ils ont volontairement dénaturé les propos à la base des discussions pour façonner cette nouvelle convention, propos relayés par les médias.
Le plus curieux est de voir qu’aucune réaction concernant son contenu n’a jamais été évoquée par Mr Fatôme. De plus, cet énarque n’a pas souligné que les médecins libéraux sont régulièrement épinglés par les médias (il n’est pas le seul !).
La médecine libérale reste le maillon faible de notre système de santé
Notre brillant directeur de la Cnam qui est, il faut le reconnaître, la voix de son maître (l’exécutif), a oublié dans ces propos de parler des lignes directrices concernant ses propositions.
Outre le fait que la revalorisation de l’acte d’1,50 euro reste ridicule (cette situation fait sourire de nombreux patients au sein de mon cabinet, cela d’autant plus que cette revalorisation ne sera effective qu’à l’automne), il n’hésite pas à mettre en avant des contraintes très déstabilisantes et peu crédibles.
Comme le panier de la ménagère, il voulait remplir la bourse des médecins en demandant certaines actions (participation à la permanence des soins, adhésion à une CPTS…), ce qui aurait eu pour conséquence de majorer la charge de travail de professionnels déjà harassés par le travail qu’ils doivent accomplir.
Pour une fois les syndicats ont montré les dents, à juste raison, pour expliquer que les contours de cette nouvelle convention étaient peu acceptables pour les libéraux qui travaillent sans avoir une rémunération en accord avec leur travail. Malgré cette réaction de rejet tout à fait justifiée, le directeur de la Cnam n’a pas voulu changer son contenu. Le résultat a été un refus unanime des syndicats et de la base également.
Par voie de conséquence ces protagonistes ont demandé un règlement arbitral avant de futures négociations qui verront le jour à la rentrée.
Nous voyons au travers de la réaction de Thomas Fatôme lors de son audition au Sénat, une réalité bien moins édulcorée. Par cette vision biaisée il souhaite rendre moins crédible les revendications des médecins.
Le plus triste, et inadmissible à mon avis, c’est de voir que jamais cet énarque ne s’est déplacé dans un cabinet de médecin libéral pour mieux comprendre les réalités du terrain que les libéraux doivent affronter journellement, mais aussi la ridicule rémunération des actes compte tenu de l’implication de ces soignants. Son seul but est avant tout de briller aux yeux du gouvernement, cela en ayant une feuille de route précise, et très destructrice pour les médecins libéraux.
Cette situation qui est quelque peu inédite (jamais les pouvoirs publics n’avaient exprimé un mépris aussi important vis-à-vis des libéraux) a généré des comportements très déterminés de quelques confrères. Ainsi certains ont mis sur la table une menace de déconventionnement (des collègues sont même passés à l’acte). Cette façon violente de rejeter les propositions conventionnelles met également en exergue le burn out d’une profession trop souvent méprisée.
Un manque dramatique de dialogue
Le plus triste dans ce cadre, c’est de noter les réflexions de François Braun qui répète à l’envi que se déconventionner c’est mettre en péril la santé de certains patients. Jamais il n’a expliqué que cette situation était due à un manque dramatique de dialogue avec la base.
Ce ne sont pas les mesures tout aussi dogmatiques de la ministre déléguée à la santé pour venir en aide aux professionnels en difficulté psychique qui changeront la donne. De toute manière j’ai l’intime conviction que les actions de Mme Firmin Le Bodo n’ont pour seul but que de calmer la colère latente des libéraux. La solution au mal-être de ces professionnels de santé est avant tout de mieux les considérer (rémunération correcte), et de leur assurer un soutien sécuritaire (cela n’est pas le cas dans certaines zones).
Tout cet argumentaire doit nous conduire à avoir quelques réserves en ce qui concerne l’avenir de la médecine libérale.
Les pouvoirs publics veulent mettre au pas une branche du système de santé qui œuvre considérablement pour assurer des soins de qualité.
Sur ce dernier point, on a l’impression qu’ils s’en moquent éperdument.
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