L’intelligence artificielle (IA) est là, transformant des secteurs entiers, et la santé n’y échappe pas. Problème, s’alarment les futurs médecins belges : si les métiers s’enrichissent, ce n'est pas le cas de leurs cours ! Pour y remédier, les carabins viennent de créer la Société pour l’intelligence artificielle dans les études de santé.
Dévoilée par le comité interuniversitaire des étudiants en médecine (CIUM), cette initiative révèle la défaillance des universités belges, qui n’ont pas pris la mesure des enjeux de l'IA clinique. Les champs de l’imagerie, de l’anatomopathologie et de l’ophtalmologie sont déjà percutés par la révolution des algorithmes et du big data. « On le sait, à l’avenir, un médecin qui ne maîtrisera pas les techniques de l’IA n’aura pas de travail. L’imagerie s’en sert déjà abondement, et l'IA sera bientôt une aide au diagnostic pour les praticiens, spécialistes comme généralistes. Hélas, aujourd’hui, la matière est absente des programmes », se désole Giovanni Briganti, étudiant à l’Université libre de Bruxelles (ULB), président du CIUM et fondateur de la Société pour l’IA.
« La Belgique a pris du retard dans le virage de l’IA, confirme le Dr Gilbert Bejjani, spécialiste de la question au sein de l’association belge des syndicats médicaux (ABSyM). Les universités ne peuvent plus se limiter à un enseignement purement clinique et à des cours ex cathedra, il est temps d’entrer dans le vif du sujet : c’est une très bonne chose que les étudiants s’y attellent ».
Algorithmes, maths et statistiques
Les priorités ? « L’introduction de modules sur les algorithmes, le renforcement des cours de mathématiques, mais aussi de statistiques, et notamment la statistique bayésienne, qui est sous-enseignée », énumère Giovanni Briganti. Si l'essor de ces enseignements prendra « plusieurs années », le futur médecin est persuadé que les universités joueront le jeu. L’Université libre de Bruxelles dispose déjà d’un laboratoire réputé, l’Institut de recherches interdisciplinaires et de développements en intelligence artificielle (IRIDIA).
La jeune société pour l’IA dans les études de santé ne chômera pas. Les carabins qui la composent vont consulter leurs camarades, experts comme néophytes. « Nous réunirons dès cet été tous les étudiants qui ont traité de l’IA dans leur mémoire afin de mettre en commun nos problématiques de recherche et déterminer les notions clés qui devraient figurer dans les futurs enseignements », explique Giovanni Briganti. Et si les doyens manquent de réactivité, la société prévoit déjà de mobiliser des experts et d’organiser ses propres cours gratuits.
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