Comment s’y retrouver dans la jungle des solutions de numérique en santé ? Face à l’émergence croissante de nouvelles technologies, les professionnels de santé, en particulier les médecins, sont fréquemment sollicités par les industriels et les start-up qui cherchent à faire de leurs produits des incontournables dans le quotidien des soignants.
Aide au diagnostic, gestion des dossiers patients, assistants virtuels… Ces outils, reposant sur l’intelligence artificielle (IA) ou d’autres technologies de pointe, sont très prometteurs sur le papier. Ils assurent aux médecins un gain de temps, une réduction des tâches administratives, une optimisation du temps consacré à leurs patients et une amélioration de la qualité des soins. Dans certains secteurs, comme en anatomopathologie, oncologie ou radiologie, l’apport de l’IA dans les pratiques n’est d’ailleurs plus à démontrer.
Difficulté d’évaluer en temps réel
Toujours est-il que pour les praticiens, faire le tri parmi les nombreuses solutions existantes n’est pas toujours une tâche aisée, et cela l'est encore moins pour les autorités. « Tous les jours, des industriels nous présentent de nouvelles solutions, de nouveaux dispositifs médicaux », a souligné Hela Ghariani, co-responsable du numérique en santé à la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS), lors d’une table ronde organisée par PariSanté Campus.
La Haute Autorité de santé (HAS), chargée d’évaluer la qualité, la fiabilité et l’efficacité clinique des dispositifs médicaux et de certains outils mis sur le marché, reconnaît elle aussi être dépassée. « Certains outils intégrant de l’IA ont des algorithmes qui évoluent extrêmement vite, constate Jean Lessi, directeur général de la HAS. Il y a beaucoup d’instabilité dans ce secteur, ce qui complique grandement les évaluations. »
Jusqu’à maintenant, « tout ce qui arrivait sur le marché était évalué 50 fois par la HAS, a renchéri Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la Cnam. Quand la HAS évaluait, l’Assurance-maladie remboursait ». Désormais, a-t-elle souligné, avec la multiplication des outils numériques, « tout est à portée de main, aussi bien pour les professionnels de santé que pour les patients. Il y a une sorte de fouillis, avec de nombreuses applications en santé mentale ou des thérapies digitales en matière de psy qui n’ont pas été validées par la HAS et que l’Assurance-maladie ne peut pas rembourser ».
La télésurveillance, un précédent
Face à cette hétérogénéité, les autorités réfléchissent à de nouvelles méthodes d’évaluation pour tenter d’apporter plus de lisibilité et aider les acteurs à s’y retrouver. En 2021, la HAS a mis au point un système de classification des solutions numériques (11 types classés en 4 niveaux [A, B, C, D]) en fonction de leur finalité d’usage, de leur capacité à fournir une réponse personnalisée et de leur autonomie.
De son côté, l’Assurance-maladie se donne pour mission de « s’assurer que le système de santé soit capable de soutenir et financer des outils si c’est au bénéfice du patient ». « C’est un peu exceptionnel, mais pour la télésurveillance par exemple, on savait qu’il y avait un consensus, donc on n’a pas attendu de voir pour rembourser, on a remboursé et on s’est dit qu’on allait voir après », résume Marguerite Cazeneuve.
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