Quelle est l’opinion de l’Ordre des médecins vis-à-vis des CPTS ?
Dr Jean-Marcel Mourgues : Le problème des CPTS est de savoir quelle est leur vocation. Il y a un terrible malentendu dans le mot de « coordination ». Une CPTS est un lieu qui fédère des acteurs de santé – ville, libéral, salarié, acteurs médico-sociaux, etc. – pour se coordonner sur un territoire autour de problématiques de santé. C’est un creuset de rencontres et une force de proposition au plus près de réalités territoriales. Mais l’adhésion à une CPTS n’est en aucun cas la seule condition nécessaire pour parler d’un projet de soins personnalisé coordonné autour du patient. C’est l’ambiguïté contenue dans la proposition de loi Rist*.
En quoi ?
Dr J.-M. M. : Telle que définie dans la PPL Rist, l’adhésion à une CPTS serait suffisante, à elle seule, pour dire « j’ai un exercice coordonné ». C’est un non-sens. Certes, la coordination d’un projet de santé global – après la définition d’un besoin de liens de travail entre différents acteurs du soin à l’échelle d’un bassin de vie –, c’est la raison d’être des CPTS. Mais, dans certaines agglomérations, des CPTS couvrent plus de 100 000 habitants, avec une centaine de professionnels dont le seul point de rencontre est de se voir lors d’assemblées générales de la CPTS quelques fois par an. On ne peut pas dire qu’ils se connaissent vraiment. C’est un dévoiement, pour nous, de la définition de l’exercice coordonné.
Pour autant, leur nombre ne cesse de progresser…
Dr J.-M. M. : Il faut faire avec l’existant. Il ne s’agit pas de tirer à boulets rouges sur les CPTS. En l’état actuel des choses, c’est le seul outil juridique de coordination des professionnels de santé. Il n’existe pas d’autres modèles à un stade aussi avancé. Mais l’adhésion aux CPTS est aujourd’hui vécue par certains médecins comme se faisant à marche forcée. Encore une fois, cet outil a le mérite d’exister mais demande à être perfectionné. Et il faut qu’il n’entraîne aucune confusion dans ses missions. Ce pourrait être une source de dérives.
*Stéphanie Rist, députée Renaissance et rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale
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