L'Académie de médecine a rendu ce lundi un rapport d'analyse sur le plan « Ma Santé 2022 », le jour-même où démarrait l'examen de la loi santé sur les bancs de l'Assemblée. Les académiciens ont formulé leurs remarques sur la feuille de route santé du quinquennat Macron et proposent neuf priorités portant notamment sur la réorganisation territoriale des soins, la gouvernance hospitalière, le numérique…
Les Académiciens sont critiques sur deux mesures prioritaires de la réforme : la création de 1 000 Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) d'ici à la fin du quinquennat et le financement des premiers assistants médicaux. Si les académiciens saluent ces mesures, il est selon eux trop ambitieux de penser qu'elles verront le jour en 2020. « Globalement, on ne voit pas aboutir la réorganisation territoriale « dès 2020 », c’est-à-dire l’an prochain », affirment les auteurs. « En effet, les besoins en personnel ne seront pas réduits par l’association des professionnels de ville à la gouvernance des structures de proximité et la plupart des autres mesures sont des créations : développement des assistants médicaux, des équipes mobiles, des gestionnaires de lits, des Plateformes territoriales d'appui (PTA)…» souligne le rapport.
Numérique et intelligence artificielle
Dans ses remarques, l'Académie insiste aussi sur la nécessité de prendre en compte de la relation médecin-malade dans les futures attributions des assistants médicaux. Les auteurs du rapport estiment que « le gain de temps médical ne doit pas seulement viser l’augmentation de la patientèle et la réduction des délais de rendez-vous, mais aussi la restauration du temps nécessaire à l’écoute et au dialogue ». Et d'ajouter « La négligence de ce composant essentiel de la consultation est préjudiciable à la qualité de la médecine d’aujourd’hui ».
Les académiciens suggèrent par ailleurs que la France accroisse son effort dans le numérique et l'IA afin de « rejoindre le niveau des pays qui ont déjà pris le virage numérique ». Le rapport plaide pour un déploiement rapide du dossier médical partagé (DMP), « le soutien à toutes les initiatives permettant de mieux gérer et d’utiliser les données publiques du Système national des données de santé à des fins d’évaluation et de recherche » ou encore pour « la reconnaissance et la valorisation par l’assurance maladie des actes faisant intervenir la robotisation et les nouvelles technologies ».
Omissions diverses
L'Académie déplore tout d'abord l'absence de la prévention dans les 54 mesures du plan Ma santé 2 022. « La prévention est probablement omise parce qu’elle est l’objet d’un dossier antérieur (dévoilé en mars 2018 N.D.L.R.). Il faudrait mentionner ce parti pris à la tête des 54 mesures pour renvoyer les lecteurs au plan « Priorité prévention » », mentionne le rapport. D'autres oublis sont également pointés du doigt dans ce document, parmi lesquels les sujets en lien avec « les addictions, l’enfant et l’adolescent, les handicaps, les migrants, la qualité de vie au travail, la recherche ». Les académiciens regrettent également que la réforme du système de santé ne s'attaque pas à la protection maternelle et infantile et la médecine scolaire, « deux secteurs en déshérence, pourtant essentiels au dépistage et à la prévention chez l’enfant ».
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