Agnès Buzyn s'est rendue vendredi 12 avril à l'Établissement de santé mentale de l'agglomération lilloise (EPSM-AL), en compagnie du Pr Frank Bellivier, fraîchement nommé délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie.
Après la visite de l'hôpital de jour Le Regain qui accueille une trentaine d'enfants de trois à huit ans présentant des troubles du spectre autistique, ils ont échangé avec des professionnels de plusieurs structures et projets innovants développés au sein de l'EPSM : équipe mobile santé-précarité, centre psychiatrique d'accueil et d'admission, unité de réécoute des suicidants... Ce qui se fait ici, a déclaré la ministre, « c'est exactement ce dont on a besoin », en termes d'interprofessionalité, de lien avec les territoires, les familles, etc.
Pédopsychiatres heurtés
À l'hôpital de jour, le Dr Patricia Do Dang, cheffe de pôle du secteur 59I04 et de la Clinique intersectorielle de l’adolescent, a souligné que, comme nombre de pédopsychiatres, elle a été très heurtée par les propos récents de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées.
Celle-ci avait appuyé sur la nécessité de « ne plus placer les enfants autistes devant des psychiatres » et de faire cesser les « prises en charge inadéquates [de ces enfants, NDLR] dans les hôpitaux psychiatriques où ils n'ont rien à faire ». Des propos « disqualifiants voire insultants » qui montrent, selon la pédopsychiatre, une ignorance des réalités de terrain et contredisent l'enquête récente des ARS sur les hôpitaux de jour. Ces paroles révèlent également selon elle le « manque de soutien du plus haut sommet de l'Etat » envers les professionnels.
Pour Agnès Buzyn, les propos de Mme Cluzel faisaient référence « à un vieux reproche fait par des familles sur la prise en charge des enfants autistes dans les années 1980, qui culpabilisaient les familles », et la secrétaire d'État « doit regretter d'avoir heurté » les pédopsychiatres. « Nous avons totalement confiance dans la psychiatrie et les psychiatres dans la prise en charge » de ces enfants, a assuré la ministre.
Agnès Buzyn a aussi indiqué avoir compris les « SOS » et les « bouteilles à la mer » lancés par de nombreux professionnels de la psychiatrie. La ministre a affirmé vouloir « totalement réinvestir » le champ de la santé mentale et que « l'urgence, c'est la pédopsychiatrie » et le développement notamment de la filière d'enseignement de cette spécialité. La ministre a ainsi demandé aux doyens des facultés de médecine d'ouvrir davantage de places pour former plus de psychiatres.
La nomination du délégué ministériel à la Santé mentale pour mettre en œuvre la feuille de route ad hoc illustre selon Agnès Buzyn son engagement pour ce secteur. « L'ambition est là, vous ne serez pas seuls », a-t-elle assuré. Aux agents hospitaliers qui manifestaient devant l'hôpital en demandant « Des emplois pour la santé », elle a répondu qu'elle était justement « là pour résoudre les problèmes ».
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