« Plus de 650 000 patients en affection longue durée (ALD) n’ont pas de médecin traitant. » Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), Dr François Arnault, a entamé sa conférence de presse jeudi 24 novembre par ce constat, toujours irrésolu. À ses côtés siègent les Drs Claire Siret, généraliste installée en Seine-et-Marne et présidente de la section « Santé publique » du Cnom et René-Pierre Labarrière, généraliste installé à Annecy (Haute Savoie) et président de la section « exercice professionnel » du Cnom.
« L’accès aux soins est la prérogative de l’Ordre », a-t-il poursuivi. « Même s’il existe des difficultés d’accès aux médecins, l’entrée dans le système de soins doit se faire par le médecin. Tout doit être organisé pour que le patient voie un médecin ». Et dans les territoires où « c’est difficile », le Dr Arnault appelle à ce que les médecins « s’appuient sur les compétences des autres professionnels de santé, dans les équipes de soins coordonnés, pour dégager du temps médical ».
Clarifications sur le Clio
Une façon pour lui de souligner qu’il prend ses distances avec le Comité de liaison des institutions ordinales (Clio) qui a suscité des réactions négatives chez les médecins. « Nous n’avons pas signé pour le remplacement des médecins par d’autres professionnels de santé. Ce que nous avons signé, c’est que les patients sans médecin doivent en trouver un ! »
Au fond, selon le Dr Arnault, « chacun doit rester dans ses compétences ». Ainsi, un infirmier ne devrait pas pouvoir réaliser de prescription selon lui, comme le souhaite la députée Renaissance (majorité présidentielle) Stéphanie Rist. « Elle m’a confirmé hier qu’elle prépare un projet de loi santé pour le début de l’année 2023. Nous ne sommes pas d’accord. »
Former plus de pédiatres
Sa position est toutefois plus modérée pour la rédaction de certificats de décès par les infirmiers. « Parfois des familles attendent 24 heures avant qu’un médecin vienne constater le décès… Nous ne pouvons pas les laisser attendre », s’est-il indigné.
Mais ces problèmes démographiques concernent également les spécialistes. « Nous formons 350 pédiatres par an. Il en faudrait 600 pour rester constants. Une des solutions serait un développement des infirmiers en pratique avancée (IPA) avec un élargissement de leurs compétences… »
Un appel à la grève discret ?
Autre point important abordé par le Dr Arnault, le communiqué commun signé avec les syndicats libéraux. « Ce n’est pas le rôle de l’Ordre de venir sur ce sujet, mais nous soutenons une nécessaire mise à niveau de la rémunération : 25 euros, ce n’est pas assez et ça ne peut être ignoré. » S’il n’a pas officiellement appelé à la grève les 1er et le 2 décembre, le président du Cnom a toutefois formulé un appui hasardeux. « Je soutiens la profession dans ses actions pour se défendre », après avoir demandé un joker aux journalistes.
Sur la coercition, le Dr Arnault a été clair. « Obliger qui à aller où ? Nous manquons de médecins qui s’orientent vers l’exercice libéral à la fin de leur cursus. Où sont les territoires surdenses aujourd’hui ? Ce n’est sûrement pas comme cela que nous allons renforcer l’attractivité du métier. »
Un soutien appuyé aux internes
Une attractivité qui est en souffrance, a suggéré le président du Cnom. « La situation des internes est inquiétante. Leur environnement hospitalier est déceptif. Et, en plus, on entend comme lors du Congrès de l’Association des maires de France (AMF) qu’ils coûtent de l’argent aux Français ? C’est un cauchemar ! Des propos scandaleux ! »
Concernant la 4e année du DES de médecine générale, le Dr Arnault salue la « cohérence » de la 10e année d’études, qui s’aligne sur les autres spécialités, mais il s’interroge sur la longueur totale des études. « Pourrions-nous raccourcir les deux premiers cycles pour gagner un an pour la médecine générale ? C’est aux universités de se prononcer… »
Enfin, « déontologiquement, nous restons opposés à la réintégration des soignants non vaccinés », a également indique le Dr Arnault.
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