La ministre de la Santé s’est prêtée au jeu des questions-réponses lors d’un entretien organisé par Décision Santé et le Quotidien du médecin. S’il n’est pas encore le moment de dresser un bilan, Marisol Touraine rappelle d’abord la cohérence sur l’action menée. Et d’afficher un discours de gauche. « Derrière le concept libéral de rationaliser l’offre de soins dans les territoires, il faut également entendre rationner. Je suis ainsi favorable au maintien des structures de proximité. » Sur les déserts médicaux, la bataille a été engagée dès le début du quinquennat.
Mauvais calcul
Ce marquage à gauche s’est traduit également par une mise en garde à l’adresse des médecins libéraux. Leurs représentants sont invités à trouver un accord avec l’assurance maladie. Jouer la montre serait un mauvais calcul. En effet, si un arbitrage à l’issue de la durée de la négociation se révélait nécessaire, il se révèlerait moins favorable qu’un accord direct, Enfin les médecins ne devraient pas mettre leurs espoirs dans la seule alternance politique. « Lorsque les candidats à la primaire de droite annoncent 95 milliards d’euros d’économies, la santé dans le contexte économique actuel, ne sera pas préservée. »
La liste en sus sera préservée
Ce n’est pourtant pas l’argument économique qu’avance Marisol Touraine pour justifier la réforme de la liste en sus mais bien une nécessité juridique. « Les laboratoires ont réclamé en justice une clarification des critères d’admission à la liste en sus. Le Conseil d’Etat en a validé le principe. Nous avons répondu à cette demande. Ce qui est aujourd’hui inacceptable c’est que l’on présente des médicaments comme innovants alors qu’ils ne le sont pas ».
La Sécurité sociale, le socle
Et de tacler au passage le laboratoire qui commercialise le Sativex®, un médicament à base de cannabis qui n’est pas encore sur le marché français. « Le prix demandé n’est pas acceptable », juge la ministre. Outre les laboratoires, les médecins ne s’impliqueraient pas totalement dans l’optimisation des coûts liée aux médicaments. Citant le long combat qui a opposé le ministère de la Santé au laboratoire Roche dans le recours autorisé à l’Avastin® dans la DMLA à la place du Lucentis®, « les économies générées par cette substitution sont très loin de ce que nous avions au départ escomptées », reconnaît la ministre. En dépit du manque de ressources de l’assurance maladie, Marisol Touraine n’entend pas pour autant opérer un transfert des charges au bénéfice des complémentaires. L’assurance maladie doit demeurer le socle principal du système. « Si je disposais d’un milliard d’euros, je l’affecterai en priorité au remboursement des frais dentaires », estime Marisol Touraine.
Place aux jeunes
En attendant cette manne, 2016 ne sera pas une année blanche. « Nous rédigeons 230 décrets d’application pour la seule loi de santé. Ce qui occuperait en temps normal le Conseil d’Etat pour toute une année. » Enfin, Marisol Touraine mise sur les nouvelles générations de médecins pour exercer par exemple dans les maisons de santé. Quant à son propre avenir, Marisol Touraine ne récuserait pas Bercy si on le lui proposait… La santé, il est vrai, rime avec rigueur…
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