La ministre de la Santé a de plus en plus de mal à supporter les quolibets dont elle est parfois affublé par ses adversaires, sur le net, dans la rue... ou plus récemment à l’Assemblée... Opposés depuis des mois au projet de loi santé porté par Marisol Touraine, certains praticiens mécontents ont en effet rivalisé d’imagination pour surnommer la ministre. Alors que les plus soft parlent de « Marisol tout baigne », d’autres, parmi ses détracteurs les plus virulents, l’ont baptisée « MST ». Une appellation qui, de la fresque des internes de Clermont-Ferrand à la manifestation de dimanche dernier, apparaît régulièrement dans les commentaires d’internautes. Et qui a donc franchi mardi soir le pas du Palais Bourbon.
« Personne ici n’accepte tout ce qui a été dit sur vous, de la manière dont ça a été dit. » Inaugurant l’examen du projet de loi santé par la Commission des affaires sociales, Catherine Lemorton a mis les pieds dans le plat, condamnant les « insultes » et « injures » proférées à l’encontre de la ministre. Les qualifiant d’ « absolument scandaleux », la présidente (PS) de la Commission espérait sûrement élever le débat et concentrer les esprits sur ses 57 articles et 113 pages de dispositifs. Une mise au point qui, rappelait-elle, n’empêche pas les voix discordantes de se faire entendre.
[VIDEO] Catherine Lemorton met les points sur les "i" dès l'ouverture du débat
L’exhortation de la députée de Haute-Garonne n’aura été que de courte durée. Alors que Marisol Touraine prenait la parole pour présenter les grandes lignes de sa réforme, Arnaud Robinet, député-maire de Reims et chargé pour l'UMP des questions de santé, poste alors un message sur les réseaux sociaux. Un tweet, inspiré de la sémantique de certains médecins, rédigé par lui qui est l'un des porte-parole de l’opposition sur le texte.
Je découvre qu'un des symptômes d'une MST est le mensonge !#DirectAN
— Arnaud Robinet (@ArnaudRobinet) 17 Mars 2015
Loin de passer inaperçu, ce court message conduit Catherine Lemorton à reprendre inopinément la parole, entre les allocutions d’Olivier Véran et Bernadette Laclais, deux des cinq rapporteurs du projet de loi. « C’est un pur scandale », affirme-t-elle. À ses côtés, Marisol Touraine est visiblement émue.
[VIDEO] Mise au point de Catherine Lemorton en cours de séance
La séance reprend et, pendant près de deux heures, c’est au tour des députés de tous bords de s’exprimer sur le projet de loi. Vient ensuite le temps, pour Marisol Touraine, de répondre aux questions posées. Mais, avant de s’y atteler, la ministre dénonce, pour la première fois, les attaques dont elle fait l’objet. « Il y a des choses que je comprends mal, c’est le ton sur lequel certaines contestations sont portées », a-t-elle indiqué, « je ne vois pas ce que nos débats ont à gagner à des formules qui sont d’une violence, je le dis, d’une violence qui me sidère ». Et d’évoquer « certains mails d’une virulence digne d’une époque que l’on croyait révolue ». Paraissant affectée, elle a appelé « au respect comme toute personne a droit dans ce pays », sous les applaudissements des parlementaires, et s’est dite « estomaquée » de voir « ce qui circule, se dit et se fait dans les manifestations » gagner le Parlement. Prenant actes des excuses qui lui ont été portées, elle a repris le fil de son grand oral.
[VIDEO] Réaction et émotion de Marisol Touraine
Des excuses dont la sincérité interpelle. Interrogé par LCP, Arnaud Robinet ne regrette pas son message rédigé « sur le ton de l’humour ». Il en veut pour preuve la signature de ces 68 signes par « un smiley », qui n’apparaît toutefois plus sur ledit message. « Il n’y a pas d’affaire sur ce tweet », affirme-t-il souriant, « il faut un peu d’humour dans ce monde de brutes ».
Sur Twitter encore, les membres de la majorité ont, mardi et mercredi, apporté leur soutient à Marisol Touraine.
Soutien @MarisolTouraine. Les attaques ne grandissent pas la cause que prétendent défendre les médecins mais abaissent ceux qui les portent.
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 17 Mars 2015
@ArnaudRobinet inaugure le débat sur la loi Santé avec des propos sur @twitter qu'on croyait réservés au pire de l'extrême-droite. #honte
— Christian Paul (@christianpaul58) 17 Mars 2015
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