Le gouvernement alerte depuis plusieurs jours sur la diminution du nombre de primo-injections dans la campagne vaccinale contre le Covid-19. Quelle est la position de l’Ordre ?
Dr Patrick Bouet : On ne cesse de dire qu’on atteint le plafond de verre et à côté de ça, les médecins généralistes sont en permanence en recherche de doses. Nous allons entrer dans une période où pour réussir la campagne vaccinale, il faut gagner l’adhésion des sceptiques et réfractaires. Ça passe par le contact individuel au cours duquel les médecins généralistes, et plus généralement les professionnels de santé de proximité, vont utiliser leur capacité à agir. Mais il faut pouvoir vacciner très vite après avoir convaincu le patient. Il faut que ces dizaines milliers de professionnels libéraux, professionnels de santé scolaire, dans les entreprises aient les doses.
Pour aller vers les personnes non vaccinées, l’Assurance maladie veut communiquer les listes de patients concernés à leur médecin traitant. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) doit rendre un avis. Comment accueillez-vous cette mesure ?
Dr P. B. : Un médecin traitant est responsable d’un certain nombre de patients qui se sont volontairement déclarés auprès de lui. Les conditions générales entre un médecin traitant et l’Assurance maladie permettent déjà un échange d’informations. Dans le contexte actuel, si on nous demande de vacciner massivement, nous devons savoir facilement et rapidement si les patients se sont déjà fait vacciner. Nous ne voyons pas d’inconvénient dans le fait que l’Assurance maladie communique la liste des patients vaccinés ou non. Actuellement, un médecin doit entrer le NIR de chaque patient pour obtenir cette information, ce qui prend du temps. Evidemment, la Cnil dira ce qui paraît être le plus conforme. Mais l’efficacité de cette mesure dépendra aussi de ce que nous aurons dans les frigos. La logistique vaccinale empêche aujourd’hui beaucoup d’actions.
Toujours sur la vaccination, le gouvernement se dirige vers une obligation vaccinale pour les soignants. Est-ce incontournable aujourd’hui ?
Dr P. B. : Je tiens à rappeler l’exemplarité des professionnels qui ont un devoir éthique, moral et professionnel de se vacciner. Je suis un peu sceptique sur la façon dont le gouvernement communique en parlant de professionnels de santé au sens large. La profession la plus vaccinée, ce sont les médecins. Il faut parler des professionnels de la santé. Si l’obligation vaccinale s’avère nécessaire, nous l’accompagnerons mais dans des conditions précises. Il faut qu’elles soient bien claires.
L’Etat doit avoir bien conscience qu’une obligation pour les professionnels de santé ouvre la porte à l’obligation pour d’autres professions, peut-être les enseignants, les forces de police, les personnes au contact du public… et peut-être à un moment à l’ensemble de la nation. Et ensuite, comment gère-t-on cette obligation ? Que mettent-ils comme sanction ? L’obligation se construit avec des mesures positives. Je ne veux pas qu’on stigmatise les professionnels de santé.
N’y a-t-il pas un risque de braquer les professionnels de santé ?
Dr P. B. : J’ai confiance dans les professionnels de santé. Dans le cheminement de la campagne vaccinale, il y a à la fois l’obligation pédagogique auprès de la population et le geste supplémentaire de se faire vacciner pour les professionnels de santé. Il faudra accompagner cette obligation pour ne pas braquer ces professionnels, ne pas les stigmatiser. Il faut que le gouvernement construise cette démarche avec les acteurs de santé. J’aimerai que nous y travaillions. Il faut un discours partagé.
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