80 millions d'euros, c'est la somme perdue par l'AP-HP en 2011, suite à un bug informatique, selon le Canard Enchaîné du mercredi 5 octobre. Les établissements hospitaliers parisiens ont été épinglés par la chambre régionale des comptes dans un rapport qui n'a pas encore été publié.
Que s'est-il passé ? En 2011, l'AP-HP met en place un nouveau logiciel de gestion financière. Mais dans cette opération, les informations nécessaires pour facturer et relancer les patients créanciers disparaissent. L'ensemble des créances s'élevait à 138,5 millions d'euros. Mais une partie de la somme était « juridiquement éteinte ». Le reste des sommes rééllement dues, soit 80 millions d'euros, « peut être considéré comme une perte réelle et définitive pour l'établissement ». Pis, le Canard dénonce le fiasco du logiciel Orbis, acheté en 2008, et qui aurait coûté 130 millions d'euros au total pour l'instant. Le système défaillant entraînerait chaque année des impayés pour la bagatelle de 45 millions d'euros par an.
Les abus de la direction
Autres points soulignés par le rapport, le salaire et le parachute doré de l'ancienne patronne de l'AP-HP, Mireille Faugère, qui a réintégré depuis lors la Cour des comptes. Elle percevait 300 000 euros bruts par an, contre 200 000 pour son prédécesseur et son successeur. Le parachute de sortie en 2013 s'est élevé à 125 000 euros, alors que l'indemnité de licenciement en vigueur était de 25 881 euros. Enfin, des abus ont été commis dans les rémunérations des consultants, souvent prestigieux. Total de cette facture "coaching" ou "conseil stratégique" : 3,7 millions, dont 2,4 au profit d'un seul cabinet.
Ecoeurement des personnels
Interviewé sur le sujet, Martin Hirsch a expliqué au journal Le Monde qu'il avait mis fin dès son arrivée en 2013 à tous les contrats avec les consultants. Et dit regretter les « comportements, même passés, qui peuvent venir ternir le rapport de confiance avec les patients et les personnels ». Quant aux syndicats de l'AP-HP, ils sont consternés. « Dans un contexte ultratendu avec la nouvelle organisation du temps de travail, c'est l'écoeurement général », explique Jean-Marc Duvauchelle (Sud Santé). « En plein plan d'économie de 150 millions d'euros, il y a beaucoup d'amertume », raille Rose-May Rousseau (CGT).
Ces dérives sont-elles pénalement répréhensibles ? La Cour des comptes ne l'exclut pas. Et doit désormais annoncer si elle poursuit en justice certains actes soulignés dans le rapport.
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