Les nominations au collège de la Haute Autorité de santé ont toujours attisé les polémiques. Les nouveaux élus 2017 n’échapperont donc pas à la tradition. Avant même la promotion 2017 officialisée, les médecins libéraux lancent les premières piques. Et s’insurgent déjà de l’absence à ce collège d’un représentant. Les associations de malades participent au concert de protestations en rappelant la promesse non tenue de la ministre de la Santé de nommer un usager de la santé. La parité en revanche a été respectée. Ce qui n’est pas le cas pour l’équilibre entre les disciplines. Dominent outrageusement les spécialistes du médicament à la fois sur le versant pharmacologique avec la nomination de Christian Thuillez, pharmacologue, et ancien président de la conférence des doyens. Gérard de Pouvourville incarne l’orientation économie de la santé. Il est à ce jour, directeur de la chaire santé de l’Essec. Et contribuera à renforcer l’évaluation médico-économique des médicaments avec un regard libéral. Isabelle Adenot, pharmacienne, présidente de l’ordre des pharmaciens représente les pharmaciens de terrain. Avec ce trio, la réforme de l’évaluation du médicament, toujours annoncée pour demain, devrait sortir de l’enlisement. Le volet accréditation des établissements hospitaliers bénéficiera de l’expérience de Anne-Marie Armanteras de Saxcé, actuelle directrice générale de l’offre de soins.
Recaser les membres proches de Marisol Touraine
Une nouvelle fois, Marisol Touraine prend soin de recaser les membres proches de son administration. Quant à Elisabeth Bouvet, c’est une spécialiste reconnue de l’infection à VIH et de santé publique. Toutes ces personnalités ont dirigé des institutions. Et ont donc travaillé à des degrés divers avec les politiques. La réforme de la gouvernance, impulsée par Marisol Touraine, avait vocation à insuffler une direction forte, autonome tout en jouant collectif. Exit donc les anciens dotés d’une forte expertise scientifique mais novices en politique. Seuls rescapés de l'ancienne équipe, Cédric Grouchka a été dans un autre temps conseiller santé de François Fillon et bien sûr l’actuelle présidente de l'institution Agnès Buzyn qui n’a pas encore imprimé sa marque.
Indépendance face à l’autorité politique ?
Un danger menace toujours la HAS, celui de perdre son indépendance face à l’autorité politique. Fallait-il éliminer les personnalités qui ont manifesté une mauvaise humeur à l’annonce de mesures décidées selon son intime conviction par Marisol Touraine en l’absence de toute concertation ? L’ouverture à tous les patients des nouveaux traitements contre l’hépatite C avait soulevé l’irritation du Pr Loic Guillevin, le président de la Commission de la transparence qui n’a pas été renouvelé. La HAS doit-elle être le bras armé scientifique du ministère de la Santé ou une instance indépendante, mixte de la Cour des comptes et du Conseil constitutionnel dont les avis ne seraient entachés d’aucune suspicion ? La ligne de crête est étroite. En tout état de cause les prochains mois seront décisifs avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement et un environnement économique de plus en plus contraint pour afficher son indépendance.
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