Le 3e plan cancer 2014-2019 se met en place

Cap sur la réduction des inégalités sociales de santé

Publié le 06/02/2014
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Crédit photo : AFP

Réduire les inégalités sociales entre les Français face au cancer, 1re cause de mortalité, est l’objectif majeur du 3e plan cancer, dévoilé par François Hollande mardi 4 février lors du colloque annuel de l’Institut national du cancer (INCa).

Abondé par un budget de 1,45 milliard d’euros, dont 720 millions consacrés à de nouvelles mesures, il s’articule autour de 4 axes inspirés du rapport du Pr Jean-Paul Vernant : guérir plus de malades, soutenir la recherche, mieux prévenir, et accompagner le malade dans sa vie d’après.

L’accès au dépistage devrait être amélioré. Seulement deux tiers des femmes se font dépister du cancer du sein, un tiers des Français, du cancer colorectal, alors qu’est organisé un dépistage généralisé. Le 3e plan cancer met en place une prise en charge à 100 % du dépistage et des examens complémentaires (échographie mammaire après mammographie suspecte), sans avance de frais, et un suivi spécifique des patients avec antécédents familiaux.

Le cancer du col bénéficie d’un dépistage généralisé

Le cancer du col de l’utérus, qui touche 3 000 femmes chaque année et provoque 1 100 décès, bénéficiera d’un dépistage généralisé, avec des frottis tous les trois ans. L’objectif est d’atteindre un taux de couverture de 80 % (contre 60 % aujourd’hui), ce qui devrait réduire la mortalité de 30 % en 10 ans. François Hollande s’est aussi prononcé pour le doublement d’ici 5 ans de la couverture vaccinale contre ce cancer.

Pour réduire les retards de diagnostic, les délais d’accès aux examens par IRM, en théorie de 27 jours, en réalité très variables selon les territoires, ne devront pas dépasser 20 jours d’ici la fin du plan, qui prévoit 15 millions d’euros pour les régions sous-équipées. L’accès aux traitements sera rendu plus égalitaire avec la publication d’indicateurs de qualité sur un futur site national d’information en santé, le développement sur tous les territoires des dernières avancées technologiques et thérapeutiques (chimiothérapie orale, radiologie interventionnelle, chirurgie ambulatoire) et la promotion d’une médecine de parcours.

Celle-ci s’appuiera sur le dossier communiquant de cancérologie, gardien des données du malade. Tous en disposeront fin 2015. Le médecin traitant gagne un rôle central dans un suivi qui a vocation à être personnalisé et de nouveaux métiers tels qu’infirmier clinicien, radiophysicien, ou dosimétriste seront reconnus.

Médecine personnalisée

Deuxième axe du Plan, la recherche sera encouragée dans son volet fondamental, avec une participation de l’État à hauteur de 50 % des crédits dans les appels à projets de l’INCa et d’Aviesan, et dans son volet clinique, avec le doublement du nombre de patients intégrés aux essais d’ici 5 ans.

Le 3e plan se donne pour ambition de soutenir la génétique dans le traitement des cancers, via les thérapies ciblées. Un programme de séquençage à haut débit de l’ensemble des cancers sera lancé avec une enveloppe de 60 millions d’euros. Objectif : passer de 10 000 tumeurs analysées en 2015 à 60 000 en 2018.

La mise sur le marché des médicaments innovants devrait être accélérée, avec l’assouplissement des procédures d’AMM et l’assouplissement des conditions d’extension des indications. En parallèle, les prix seront fixés en lien avec l’apport thérapeutique des médicaments et revus en fonction des progrès de la science.

Réduction du tabagisme

Quelque 40 % de la mortalité par cancer tient à des facteurs de risques comportementaux, 30 % reviendrait au seul tabac. François Hollande a reconnu l’échec des politiques françaises : « alors que le 2e plan cancer s’était fixé comme objectif une baisse de la prévalence du tabac de 30 à 20 % de la population, ce taux atteint aujourd’hui 33 % ». L’ambition affichée est d’atteindre une prévalence de 22 %.

Marisol Touraine présentera avant l’été un programme national de réduction du tabagisme, intégré dans la stratégie nationale de santé. En matière de prix, le mouvement de hausse des tarifs se poursuivra et les recettes abonderont un fonds dédié au cancer. Le sevrage sera valorisé, avec son intégration dans les objectifs de santé publique des médecins et dans le panier de soins minimal des contrats responsables, le rôle des pharmaciens sera redéfini et les médecins du travail et infirmières scolaires pourront proposer des substituts nicotiniques. Le forfait de 150 euros pour l’achat de substituts, ouvert aujourd’hui aux moins de 25 ans, sera étendu aux 25-30 ans, aux bénéficiaires de la CMU et aux malades cardiaques. Une campagne d’information visera les jeunes. Le président de la République s’en est remis aux directives européennes au sujet de l’emballage des paquets.

Des actions de prévention contre la consommation d’alcool chez les mineurs, de sensibilisation aux risques des rayonnements ultra-violet et aux cancers professionnels seront lancées.

Chirurgie réparatrice pour tous

Le 3e plan présente enfin une batterie de mesures pour faciliter la vie après le cancer : programme personnalisé, sensibilisation des entreprises, droit à l’oubli dans l’accès au crédit, et généralisation des actes de reconstruction mammaire ou dentaire. L’avenant 8 à la convention sur les dépassements d’honoraires devra être strictement respecté et chaque région devra accueillir une offre de chirurgie réparatrice accessible sans frais.

Coline Garré
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9299