L’HISTOIRE DU JOUR

Dépénalisation

Publié le 06/04/2011
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Aujourd’hui, on tue pour quelques barrettes de shit. C’est la conviction de Stéphane Gatignon, maire de Sevran – une dizaine de morts par balles en 2010 –, en Seine-Saint-Denis, et de Serge Supersac, ex-policier et chercheur. Les deux hommes publient aujourd’hui chez Grasset « Pour en finir avec les dealers », livre dans lequel ils plaident pour la dépénalisation du cannabis.

Pour Stéphane Gatignon, qui a quitté le PC en 2009 pour rejoindre Europe Écologie, la législation actuelle, « la plus répressive d’Europe », est comparable à celle de l’alcool aux États-Unis au temps d’Al Capone, et la situation, si on ne fait rien, ressemblera bientôt à celle du Mexique. Plus de 100 000 personnes seraient impliquées dans le trafic ; dans certaines zones, l’économie parallèle représente 30 % de la richesse (à Sevran, le « pas-de-porte » se monnaye 25 000 euros) et les trafiquants seront bientôt en posture de choisir les vainqueurs de certaines élections.

Même si la lutte contre les dealers connaît quelques succès, c’est « vider la mer à la petite cuillère ». Une seule solution, donc, légaliser la consommation de drogues douces. Cela implique, dans le même temps, une politique de santé publique, comme celle qui existe pour l’alcool. Il faudrait aussi, selon l’élu municipal, créer 100 000 emplois pour les petits dealers, ceux auxquels le business rapporte actuellement quelques centaines d’euros par mois et qui «  auraient tout intérêt à avoir un vrai boulot  ».

Le débat est ouvert. En cette période déjà préprésidentielle, il est à craindre que pas grand-monde ne s’y risque. Les chiffres incitent pourtant à y réfléchir  : on compte 1,2 million de consommateurs réguliers de cannabis, dont 550 000 quotidiens, et 4 millions d’expérimentateurs actuels.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8939