La vape (CE) est un outil de lutte contre le tabac que tout médecin doit connaître afin de délivrer les conseils opportuns aux fumeurs et vapoteurs.
Il n’existe aucune circonstance dans lesquelles la CE fasse courir plus de risque que de fumer du tabac. Le tabac tue la moitié de ses fidèles consommateurs. Les médicaments d’arrêt du tabac qui ont aussi été fortement décriés et la vape font courir infiniment moins de risque. Mais du fait qu’elle contient de la nicotine, la CE ne peut être utilisée que par les fumeurs et les ex-fumeurs.
La CE est un produit jeune qui ne délivre efficacement la nicotine que depuis 2012. Il est vrai qu’il y a peu de recul, mais les données disponibles comparant les émissions de la CE classique à la fumée du tabac sont très rassurantes. Ses détracteurs oublient de dire que l’immense majorité des vapoteurs qui quittent totalement le tabac, baisse en 3 mois de façon considérable le taux journalier de nicotine, comme cela est observé avec la varénicline ou les substituts nicotiniques.
Pas de shoot de nicotine
En effet la vape classique ne crée pas de shoot de nicotine, très peu ou pas d’up regulation des récepteurs nicotiniques, ce qui explique que le craving pour la nicotine et la dépendance régressent en douceur chez les vapoteurs exclusifs qui le plus souvent, baissent en 2-3 mois leur doses de nicotine.
L’épidémiologie confirme que la vape n’est pas un produit d’entrée en tabagie chez les adultes et qu’elle peut être un produit de sortie. Les fumeurs qui arrêtent avec la vape sont calmes, heureux et non boulimiques alors que le craving de ceux qui arrêtent le tabac sans être bien substitués en nicotine non-fumée expérimente souvent la boulimie et parfois des prises de poids importantes.
Si certaines CE ont été enregistrées comme dispositif médical à l’étranger, aucune CE n’est à ce jour enregistré comme dispositif médical en France. Ce n’est pas parce qu’en 2019 on n’a pas les études permettant d’enregistrer une CE comme un médicament d’aide à l’arrêt du tabac, qu’il faut que les médecins s’en désintéressent. Selon les données de Santé Publique France, la CE est de très loin le premier produit utilisé par les Français pour quitter le tabac au cours du Moi(s) sans tabac (5), bien avant les substituts nicotiniques ou la consultation d’un médecin.
Des risques connus et limités
Contrairement à ce peuvent faire évoquer les grands titres de certains journaux, la CE ne fait pas 200 morts par jour comme le tabac. Le risque lié aux batteries est identique pour toutes les batteries de même type, téléphone ou autre et se réduit avec les progrès techniques.
Le principal risque de la CE est lié à son utilisation sans liquide ou avec une puissance totalement disproportionnée à la résistance chez des bricoleurs qui n’utilisent pas les produits dans des conditions normales. Une résistance qui n’est plus humidifiée, comme une casserole qui n’a plus ni eau ni graisse, provoque des émanations d’acroléine à l’odeur repoussante et de formaldéhyde dont le taux peut, dans des cas extrêmes, avoisiner, voire même dépasser, les taux de la fumée de cigarette, mais les émissions ne contiennent jamais de goudrons et très peu de nitrosamines qui sont de très loin les principaux cancérogènes de la fumée du tabac.
L’hypothèse d’un effet « porte d’entrée en tabagie » de la CE ne repose pas sur des données convaincantes et provient de pays (USA) où la consommation de tabac s’effondre chez les adolescents avec l’émergence de la vape. Il ne faut pas non plus établir de rapport de causalité quand on constate que les jeunes qui vapotent utilisent beaucoup moins de cannabis que ceux qui fument. Ces faits sont en effet a priori liés à la sélection d’adolescents différents qui contrairement aux fumeurs n’aiment pas utiliser des substances à risque.
Une attention particulière doit cependant être apportée aux sels de nicotine (nicotine acidifiée) qui dans des conditions expérimentales pourraient produire des pics de nicotine voisins de ceux des cigarettes et donc up-reguler les récepteurs nicotiniques justifiant de ne pas recommander leur usage aux adolescents en attendant le résultat des études.
Le cigarettier Philipps Morris® vient d’entrer à hauteur de 13 milliards de dollars au capital de la principale société commercialisant ces produits (Juul®) ce qui ne peut que rendre suspicieux les médecins. Mais il existe en France une importante industrie de la vape classique qui commercialise des produits répondant aux normes AFNOR destinés uniquement aux fumeurs et à la sortie du tabac.
La CE est en 2019 un produit de consommation courante, mais ce qui n’interdit en rien aux médecins de donner les bons conseils, car ils ne peuvent se désintéresser de cet outil qui est le premier recours des fumeurs français pour quitter le tabac en 2018.
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